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La déchirure des œuvres d’art

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La destruction de ma production artistique en 1972 était bien ce qu’on appelle un geste sacrificiel. Je l’ai vécu comme tel, comme une purification. Mais ce fut aussi et surtout un geste libératoire de tous les stéréotypes de l’art dont je voulais m’affranchir en faisant table rase. Détruire pour créer. Et la campagne que j’ai appelée «prophylactique» et d’«hygiène der l’art», que j’ai alors lancée  en adressant par la poste cet appel  au fichier d’artistes que j’avais constitué, visait à partager cette démarche et à mettre en évidence l’ambiguïté des sentiments que les autres artistes de mon époque pouvaient entretenir avec leurs œuvres. Ils en faisaient  certes la légitime diffusion et promotion. Mais 350 d’entre eux répondirent à ma proposition – ce qui semble évidemment contradictoire – et m’envoyèrent ou m’apportèrent des œuvres pour que je les détruise en en présente des débris dans des sachets hygiéniques étiquetés dans une exposition qui circula à partir de 1974 en commençant par la galerie Stadler à Paris, puis ailleurs en France, en Italie et au Canada. Elle se trouve depuis dans les collections du Centre Pompidou. Le geste était donc pour moi, non pas tant une démarche iconoclaste nihiliste, qu’un préalable à la liberté de création dont je ressentais le besoin avant de m’engager davantage dans l’art sociologique. Pour ceux qui y ont répondu, ce fut peut-être un petit geste mondain, mis en évidence du point de vue sociologique qui m’importait, mais qui ne manquait pas d’assumer un trouble réel. 
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IMPACT II Céret 1972

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Couverture du catalogue de l’exposition IMPACT II au Musée d’art moderne de Céret en 1972
Georges Badin, artiste du Groupe Textruction, alors directeur du Musée d’art moderne de Céret (Pyrennées orientales), demande aux critiques d’art Jean Clair, Jacques Lepage, et à moi-même de choisir chacun une dizaine d’artistes pour cette 2e édition d’IMPACT.
Cette couverture de catalogue reprend un détail d’une peinture hygiène de l’art de contre-empreintes de main bleues et rouges, couleur drapeau, sur un essuie-mains ordinaire suspendu à un rouleau de bois. 

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De la grotte à la caverne, puis au musée – de l’obscurité à la lumière, puis à la matière

Arnaud Fischer

De la grotte préhistorique avec ses peintures pariétales à la caverne platonicienne des simulacres et des mensonges de nos perceptions, nous avons évolué dans une grande aventure spirituelle de l’Occident. Nous sommes passés d’un marquage magique, animiste, de la paroi sombre à sa dévalorisation au nom d’un monde des idées. L’esprit a migré de l’obscurité à la lumière, de l’animisme au déisme.
Et nous voilà dans le musée, dans le temple de l’art, mais d’un art qui aujourd’hui démystifie le cadre et le châssis de la toile, conteste le simulacre de la représentation picturale, pose des questions critiques sur lui-même, sur le musée et sur la société. Hygiène de l’art, art sociologique, esthétique interrogative critique. Voilà la conquête de l’athéisme. Et le musée devient ainsi un lieu social et philosophique, qui contribue à l’avancée de notre conscientisation humaine, de notre lucidité et de notre liberté.
J’ai ainsi le sentiment que nous avons parcouru beaucoup de chemin dans notre évolution humaine et que la dite crise de l’art que nous avons traversée nous a fait beaucoup avancer. Un moment emblématique de l’avenir de l’art, que cette démarche au Musée d’art moderne de Céret marque fortement du fait du réemploi divergent, réactualisé, des empreintes de mains préhistoriques. Ce n’est pas un cycle qui est bouclé, mais au contraire un changement radical de l’esprit qui est clairement indiqué.

Les essuie-mains et la murale aux mains, Musée de Céret, Rétrospective octobre 2010 – mai 2011, Musée de Céret. Les quatre essuie-mais – hygiène de l’art datent de 1971 et la murale de 2010.

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Esthétique interrogative

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L’avenir de l’art dépend tout autant de notre questionnement sur l’art, sa fonction anthropologique, que de notre questionnement sur l’avenir de l’humanité auquel nous aspirons. C’est la même réponse qui vaudra pour les deux questions. Il faut donc commencer par le questionnement, interroger l’art, concevoir une esthétique interrogative. Cette signalisation et ces toiles de contre-empreintes de main, qui datent dans ma démarche du tout début des années 1970, étaient le fondement même de l’art sociologique.
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De la préhistoire à l’avenir de l’art

Arnaud Fischer

Cette murale réalisée au Musée d’art moderne de Céret en octobre 2010 reprend la contre-empreinte de mains de l’art préhistorique et que j’avais choisie au début des années 1970 pour mes toiles essuie-mains.
Je voulais souligner ainsi qu’il n’y a pas de progrès en art, dans l’histoire de l’art. Le progrès n’est pas une idée pertinente en art.
Je faisais ainsi un clin d’oeil au mouvement Support/Surface, tout en explorant le thème de l' »hygiène de l’art » avec lequel j’ai introduit l’art sociologique. L’empreinte de main est le premier geste de l’artiste vers le support de l’image. Le plus ancien et le plus fondamental. Et en accord avec la problématique de démystification des illusions et de la subjectivité de la peinture, qui dominait à l’époque de BMPT et de Support/Surface, j’avais choisi le bleu-blanc-rouge de la bourgeoisie républicaine.
Reprenant ce thème à l’échelle d’une murale dans cette exposition rétrospective, j’y ajoutai l’expression d’une distorsion et d’une souffrance qui ont cru dans notre société depuis les années 1970. Du haut vers le bas de la murale, les mains prennent en tombant des formes de plus en plus mutilées, des formes de poings crispés.
Il est prévu que cette murale sera effacée d’ici l’été 2011 – les règles du musée obligent -, pour laisser place à d’autres accrochages.
Hervé Fischer