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Rencontre avec Giovanni Lista

Arnaud Fischer avenir+art

Le seul article qui ait, à ma connaissance, été publié en France sur ce livre de 2010* est signé de Giovanni Lista, une figure historique de la critique d’art, que j’ai toujours lu avec le plus grand intérêt. On vient de m’en remettre une photocopie et je ne sais ni le nom de la revue, ni la date de la publication.
En voici la teneur :
« L’auteur est l’un des rares artistes intellectuels toujours capables de réfléchir de manière indépendante, vertu de plus en plus rare dans la grisaille du monde contemporain. Il nous livre cette fois-ci ses réflexions sur l’avenir de l’art, un thème explicitement traité dès le début du XXe siècle au moins par la plupart des artistes qui ont été les fondateurs mêmes de l’art moderne. Les questions posées vont de l’art post-moderne à l’art numérique, ou du retour de la peinture au rapport entre art et religion, alternant observations très aiguës et pages moins incisives, comme il arrive souvent quand on tente de définir la nature du progrès en art. Le post-modernisme a aboli toute conception linéaire et hégélienne de l’histoire comme progrès continu, mais cela ne signifie pas forcément que la notion de progrès n’a pas de sens dans le domaine esthétique. L’art est toujours, de par sa forme, une modélisation idéologique. Lorsque le vers libre émancipe le poète de la norme métrique, ou lorsque la mise en perspective remplace l’espace à deux dimensions de la peinture romane, c’est l’homme lui-même qui progresse vers sa propre liberté, voire vers le pouvoir accru de ses propres moyens de connaissance ou vers sa plus grande maîtrise du réel. L’auteur explore les enjeux de la dématérialisation de l’art, souligne la perte du sensoriel entraîné par l’art numérique, s’interroge sur la primauté de l’image dans le cinéma, en cherchant à trouver une orientation vers le futur dans la tour de Babel de l’art contemporain. Revenant è ses anciennes amours, l’auteur prophétise: les arts du XXIe siècle seront de plus en plus sociocritiques. Il termine ainsi par un appel à rallumer les lumières que l’on ne peut que partager tout en sachant jusqu’où il est dérisoire dans le monde déréglé, aléatoire et irréversible où nous sommes embarqués. Il reste cependant le travail de la réflexion, l’effort entêté pour comprendre ce qui se passe, la valeur des idées qui témoignent d’une conscience en éveil. En ce sens, le livre est une bouffée d’air frais par son anticonformisme et par la sincérité de son approche qui permet une initiation originale à la situation actuelle du monde de l’art. »
Je n’ai malheureusement pas les coordonnées de Giovanni Lista, mais je lui propose, s’il a un jour connaissance de ce blogue, de nous rencontrer à Paris pour un débat public sur ces grands enjeux, dans lesquels nous sommes tous deux impliqués. Compte tenu de son expertise sur le futurisme, Dada, et les grands courants de l’art moderne de façon générale, cela sera une rencontre passionnante dans le contexte flottant de l’art actuel.
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* L’avenir de l’art a fait l’objet de deux réimpression depuis sa publication.