J’ai fait mes études en philosophie, ma maîtrise avec Raymond Aron sur la pensée politique de Spinoza. Puis est survenu Mai 68. J’ai été piqué par le virus et je me suis tourné vers la sociologie de l’art, de la communication et de l’imaginaire. De là est né l’art sociologique. Sociocritique, sociopédagogique dans une pratique intense sur le terrain. Cette sociologie de l’imaginaire m’a amené à construire une théorie que j’ai appelée la mythanalyse, et qui n’a cessé de me passionner depuis, tant dans sa théorie que dans sa pratique, aussi sociologique qu’artistique. J’ai créé et publié de plus en plus sur ce thème.
Mais on dit souvent qu’en vieillissant, on revient vers la philosophie. Et c’est ce qui m’arrive depuis une quinzaine d’années. Mon retour à la peinture évolue entre sociologie critique, mythanalyse et philosophie du numérique. Me voilà maintenant avec le tweet art et la tweet philosophie. Art et philosphie se rejoignent de plus en plus étroitement pour moi, au point où je me rends compte que j’opte de plus en plus pour un « art philosophique ». Que faire de ce monstre, qui me disqualifie certainement autant aux yeux des philosophes que des artistes. Je m’en suis expliqué dans L‘avenir de l’art. Peu m’importe en fait le qu’en dira-t-on. J’ai assez vécu pour voir les modes passer, les idées évoluer, les bloquages se défaire, les divergences s’imposer. Je ne suis pas du genre à m’adapter aux lois du milieu artistique, ni davantage du milieu universitaire. Je ne l’ai jamais fait, j’ai toujours choisi moi-même la direction de ma barque, coupant les amarres vite et sans regret. je continuerai donc librement mon chemin selon ma seule boussole.
Hervé Fischer
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Toile de contre-empreintes de mains
Twitter, un média ennuyeux ou une table de ping pong?
On imagine avec Twitter un jeu nerveux, réactif d’échanges de messages entre abonnés, comme une partie de ping pong. La réalité est plutôt que les balles ne sont pas rattrapées, elles partent dans le décor. Peu de tweets sont retweetés. Et comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement. Nous ne sommes généralement pas dans un débat d’idées, mais plutôt dans le temps réel de l’action. Or, à moins que les abonnés ne soient sur le front ou dans une révolution de rue, comme on l’a observé cette année, ils ne sont pas dans une action intense. Les informations qu’ils émettent sont le plus souvent factuelles, et généralement sans intérêt aucun, n’appelant pas de réaction. Inversement dans les bons cas, exceptionnels, on assiste en effet à des rafales de messages. Mais c’est beaucoup plus rare et limité que pour les commentaires de blogs, qui se comptent parfois rapidement par dizaines. Cela tient donc aussi certainement aux limites du genre. 140 caractères, c’est inhibant pour beaucoup de bavards du web, que cela ne séduit pas. On peut se demander si twitter ne montre pas déjà ses limites, non dans la technologie, mais dans l’usage social qui peut en être fait.
Twitter un média ennuyeux? Restons optimiste: l’usage peut évoluer, s’apprendre, s’intensifier. Aux usagers aussi de devenir inventifs, créatifs.
hf
contre-empreinte de main
Le tweet signalétique
Cette signalisation imaginaire que j’ai réalisée avec de nombreux panneaux sur la direction du futur dans les rues de Montauban (France) en 1982 constituait déjà une sorte de tweet urbain, dont le nombre de caractères était encore plus limité nécessairement que les 140 caractères du tweet numérique. Il avait une fonction apparentée: donner une information, signaler quelque chose d’important, en temps réel, en tenant compte de la vitesse de transmission nécessaire au contexte. Et comme les tweets qui m’intéressent personnellement, il était interrogatif. Dans quelle direction se trouve le futur? Il faut lui donner un sens! À la fois graphique et philosophique.
C’est pour cela que j’inscris le tweet art et la tweet philosophie comme des étapes nouvelles de cette même tradition qui nous vient de l’art postal, des tampons d’artistes, et des signalisations imaginaires.
hf
hf
L’Afrique se redressera-t-elle?
L’Afrique se redressera-t-elle?
identité numérique
Nostalgie du futur
L’art change le monde
« La beauté sauvera le monde » écrivit Dostoïevski. C’était faire de la beauté ou de l’art un deus ex machina. Et comme la beauté est une valeur très relative ou changeante, nous ne pourrions plus affirmer rien de tel aujourd’hui. Dire aujourd’hui que « l’art change le monde » n’a plus la même résonance religieuse ou spirituelle ». L’affirmation demeure au présent et elle réfère à une conception plus volontariste et humaine. J’ai d’ailleurs écrit dans L’avenir de l’art que « l’art trahira Dieu ».
Il est de bon ton de dire que l’art est impuissant à changer le monde. Nous observons pourtant que l’influence de la Renaissance, du classicisme, du romantisme, de l’impressionnisme, du surréalisme, etc. sont indéniables du point de vue de la sensibilité et de notre image du monde. Un art qui prendra désormais en compte la crise des valeurs que nous traversons avec une esthétique interrogative critique, en promouvant une éthique planétaire, pourra faire beaucoup pour changer le monde en le conscientisant davantage.
hf