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LE RISQUE DE L’ART

Lorsque j’ai cessé de croire au Dieu de mon éducation, les artistes que j’avais découverts dans la solitude de mon enfance et aussitôt admirés sont devenus mes héros. Pour autant, je n’ai jamais cru que l’artiste soit un chaman. Il ne communique pas avec les esprits, mais avec ses contemporains, bien réels. L’image est toujours une chimère, elle n’a pas non plus perdu son pouvoir magique archaïque, si fragile, si difficile à exercer, mais cette magie n’est ni dans le crayon, ni dans l’ordinateur. Elle est dans la tête chercheuse de l’artiste, seul juge de son audace dans sa recherche du pouvoir iconique de l’image pour exprimer les questions philosophiques les plus angoissantes de la condition existentielle face à l’univers, face à la société, face à lui-même. Cette audace n’est pas sans risque. Car l’art ne supporte ni la médiocrité, ni même une qualité moyenne. L’art est bien plus qu’une création esthétique du monde : il est mental. Il est un engagement éthique pour changer le monde, c’est-à-dire changer l’Homme.