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Le miroir social

Arnaud Fischer

Variations du miroir social, 2000-2010
Trois variations de l’analogique au numérique d’un artiste qui se voit être là – Da sein, l’être là – disait Heidegger – faute de pouvoir être soi, dans le miroir social qui varie selon les époques.
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L’économie verte existe-t-elle?

Arnaud Fischer C3 A9conomie 2Bverte
Arnaud Fischer C3 A9conomie 2Bverte
tweet art, 2012
Oui, sous le signe de l’économie durable, une expression qui semble encore contradictoire, au point où elle demeure terriblement marginale face aux prédateurs de l’économie néo-libérale à court terme. Un jour pourrons-nous inscrire ces mots sur la même ligne, au lieu de les barrer en forme de négation?
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L’artiste chamane

Arnaud Fischer poeme


L’art a pris la relève de la magie, puis de la religion dans nos sociétés athées. L’artiste est un créateur de cosmogonie et en devient l’intercesseur, celui qui ouvre un pont entre l’univers et l’homme, L’art est une seule voie à la métaphysique du monde où nous vivons. Il dessine ses structures, sa composition, ses hiérarchies, sa lumière, sa matière, et les émotions qu’elles génèrent. Quand la religion et la raison positive perdent leur crédibilité, c’est l’art qui écrit encore ses grands récits fabulatoires; lui seul et la science hasardeuse.
Je l’écrivais dans L’Avenir de l’art (vlb,2010): 
Au fur et à mesure qu’on enterrera les dieux, l’art remplacera la religion et deviendra laïc.

L’éthique se développera paradoxalement avec le progrès de la technologie.
L’éthique inspirera l’esthétique. 
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Art is art, is cosmogony

Arnaud Fischer art%2Bis%2Bart

Art is always partly about art and mainly about a vision of the universe. This is true not only for fine arts, litterature, architecture, cinema, music, but also and especially for choregraphy. Even sociological art is art and cosmogony, as any society is determined by the structures, imagos and values of its dominant cosmogony.

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Éthique et esthétique

Arnaud Fischer aucun%2Bdieu
 tweet art, 2012

La magie est une tradition païenne, qui vise la puissance et le contrôle des esprits et des personnes. Mais son évolution religieuse monothéiste a prétendu nous révéler le sens de notre vie, visant moins à changer le monde d’ici-bas qu’à y faire régner une morale individuelle prometteuse d’au-delà paradisiaque. Pour la religion, ce n’est évidemment pas la technoscience, mais l’éthique qui nous sauvera, faute de quoi le Dieu monothéiste peut nous faire périr par le déluge ou par ses habituels fléaux. Le christianisme n’avait pas l’ambition d’imposer une morale collective, mais plutôt de nous inviter chacun individuellement à sauver notre âme dans un monde terrestre de péché destiné à finalement disparaître. Nous savons aujourd’hui deux choses de plus qui sont de la plus grande importance. Premièrement, nous sommes passés de l’idée d’une morale individuelle capable de nous sauver individuellement à une éthique planétaire, seule capable de nous sauver collectivement. Deuxièmement, ce n’est pas la technoscience mais l’éthique planétaire, qui pourra changer le monde pour le meilleur. Car que nous importerait de sauver un monde toujours aussi scandaleux que celui d’aujourd’hui, si nous ne croyions pas à notre capacité de l’améliorer considérablement ?
Et l’esthétique ne saurait être un cache-misère, un voile artistique sur des horreurs insupportables. Elle ne se justifie que si elle se lie à l’éthique. Nous redécouvrons cette idée ancienne de lien entre le beau et le bien ! Elle doit être capable de nous donner accès à cette valeur morale qui nous dépasse individuellement. Déjà Robert Motherwell exprimait cette exigence : « sans conscience éthique, un peintre n’est qu’un décorateur ». Nous parlons bien sûr désormais d’éthique laïque, car l’éthique religieuse ne peut sauver que des âmes individuelles. Jadis, seul Dieu pouvait sauver le monde. Et aujourd’hui c’est l’humanité qui a le pouvoir de détruire ou de sauver la Terre.
Face aux scandales terrestres, contre l’homme l’art plaide pour l’humain. Il peut contribuer à une sortie de crise aussi bien politique qu’esthétique. Notre fragilité humaine ne saurait nous dispenser d’en embrasser l’ambition. Je voudrais, pour le dire, avoir des mots rageurs, écrire avec de l’encre rouge l’indignation profonde que l’on ressent face à  l’exploitation et au cynisme généralisés qui entraînent tant de manques flagrants et répétés aux droits humains élémentaires auxquels nous assistons.


On peut donc prédire que c’est la vision éthique des artistes, qui déterminera de plus en plus leur représentation du monde.  La beauté que l’homme peut ajouter collectivement au monde est éthique, dans le sens où l’on parle par exemple de commerce équitable, de développement durable et solidaire. Et elle constitue la seule réponse possible, en fait incontournable, au désenchantement généralisé d’aujourd’hui. L’éthique, c’est seulement l’exigence de justice humaine, ici-bas, et non pas divine, au-delà, comme le promettait la religion. En ce sens, et en ce sens seulement, l’art pourrait devenir un art de vivre ensemble. Voilà l’art de l’avenir. 
(Voir mon livre L’Avenir de l’art, vlb, 2010)
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La déchirure des œuvres d’art

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Arnaud Fischer 108166011 009 CORR
La destruction de ma production artistique en 1972 était bien ce qu’on appelle un geste sacrificiel. Je l’ai vécu comme tel, comme une purification. Mais ce fut aussi et surtout un geste libératoire de tous les stéréotypes de l’art dont je voulais m’affranchir en faisant table rase. Détruire pour créer. Et la campagne que j’ai appelée «prophylactique» et d’«hygiène der l’art», que j’ai alors lancée  en adressant par la poste cet appel  au fichier d’artistes que j’avais constitué, visait à partager cette démarche et à mettre en évidence l’ambiguïté des sentiments que les autres artistes de mon époque pouvaient entretenir avec leurs œuvres. Ils en faisaient  certes la légitime diffusion et promotion. Mais 350 d’entre eux répondirent à ma proposition – ce qui semble évidemment contradictoire – et m’envoyèrent ou m’apportèrent des œuvres pour que je les détruise en en présente des débris dans des sachets hygiéniques étiquetés dans une exposition qui circula à partir de 1974 en commençant par la galerie Stadler à Paris, puis ailleurs en France, en Italie et au Canada. Elle se trouve depuis dans les collections du Centre Pompidou. Le geste était donc pour moi, non pas tant une démarche iconoclaste nihiliste, qu’un préalable à la liberté de création dont je ressentais le besoin avant de m’engager davantage dans l’art sociologique. Pour ceux qui y ont répondu, ce fut peut-être un petit geste mondain, mis en évidence du point de vue sociologique qui m’importait, mais qui ne manquait pas d’assumer un trouble réel.