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François Pluchart, art corporel et art sociologique

Arnaud Fischer Fan%C3%A7ois+Pluchart

Rencontre Michel Journiac, Hervé Fischer, François Pluchart, Gina Pane
Je ne me rappelle plus de quand date cette photo, faite dans les locaux de la revue ARTITUDES fondée par François Pluchart, à Saint-Jeannet, près de Nice. Probablement des années 1974-1975. Mais je n’oublie pas le soutien déterminé de François Pluchart vis-à-vis de mon travail. Nous nous rencontrions souvent tous les quatre et échangions nos idées sur l’art corporel et l’art sociologique. Vint le moment où nous pensâmes nous rapprocher plus officiellement, par exemple, dans une exposition commune, et cette idée intéressait François, au point de provoquer un jour cette réunion dont témoigne la photo ci-dessus, et dont c’était l’objectif annoncé. 
Gina Pane affirmait que «le corps est sociologique», Michel Journiac en était encore plus convaincu, et moi-même bien sûr, je n’en avais jamais douté. Mais nos moyens d’expression étaient différents, et le focus de nos démarches variaient aussi. Je ne me sentais pas enclin à user de mon propre corps dans des performances transgressives au point de prétendre intervenir dans l’art corporel. Mon sujet de travail était plus la société elle-même, et selon une démarche plus conceptuelle. Gina Pane et Michel Journiac partaient plus du corps, de son pouvoir très individuel et subjectif de communication pour rejoindre la dimension sociologique. Ils prenaient en compte plus nettement leur expérience biographique.
Au pied du mur, considérant nos différences au sein d’une même volonté d’intervention sociologique, ce furent Gina Pane et moi-même qui ressentirent par instinct et exprimèrent des réserves.François Pluchart eut l’élégance et l’amitié de ne pas insister, malgré le désir qu’il avait de nous voir adopter un manifeste commun et nous réunir publiquement. Aujourd’hui, lorsque j’y pense – et cela m’arrive souvent – je le regrette. J’aurais été beaucoup plus à l’aise, du point de vue sociologique aussi bien qu’humain avec Michel Journiac, Gina Pane et François Pluchart, qu’avec le collectif d’art sociologique. Je suis sûr que François Pluchart l’avait perçu, d’ailleurs, mais il ne m’en reparla pas. 
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Nouveau naturalisme

Arnaud Fischer herv%C3%A9Fisher

Le réel demeure incontestablement plus surprenant, plus mystérieux que le monde virtuel que nous bricolons. Plutôt que de les opposer, nous gagnerons beaucoup à conjuguer le réel et le virtuel comme deux mythes qui se complètent nécessairement, jusqu’à créer une nouvelle réalité où nous allons vivre désormais. Un nouveau naturalisme à explorer pour les artistes et les philosophes, car il ne sera plus jamais le même. Nouveau bien qu’il ressemble plus à celui des sociétés que nous avons appelées «primitives» qu’au réalisme que nous avons inventé à la Renaissance et que nous appelions encore tout récemment «la modernité».   
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Dans la revue PRUSSIAN BLUE
No 6 – Octobre 2013
EXPOSITION
« Les couleurs du marchand de glaces.
Le fauvisme digital » d’Hervé Fischer
Galerie ECI // 32 av. Matignon, Paris
30 mars > 30 juin 2013
HERVÉ FISCHER : UN CONCEPTUEL ENGAGÉ
PAR GUILLAUME DE SARDES
Après vous être engagé sur la voie de l’art
multimédia, vous avez choisi de revenir à la                  
peinture? Pourquoi?     
                                                                                              
Arnaud Fischer avenirdelart.blogspot

Arnaud Fischer P+S

J’ai découvert la magie des ordinateurs
au Québec en 1983. Cela a bouleversé ma
pratique d’artiste et j’ai créé peu après la
Cité des arts et des nouvelles technologies
de Montréal, qui a exposé pendant dix ans
tous les pionniers du multimédia. C’était une
époque passionnante et héroïque. Mais alors
que les artistes numériques dénonçaient
l’obsolescence des beaux-arts, j’ai quant à moi
de plus en plus relativisé cette rupture. Je ne
crois pas au progrès en art. L’interactivité me
semble peu intéressante en art. Le multimédia
ne remplace aucunement la multisensorialité
de la peinture ou de la sculpture. Les œuvres
d’art numérique sont éphémères. La vitesse
du progrès technologique et des flux de pixels
les cannibalise. Elles sont le plus souvent
ludiques, sans contenu critique. Je suis donc
revenu en 1999 à la peinture, optant pour
l’arrêt sur image. Cela a été une décision
difficile. Mais bien entendu, c’est le monde
numérique que je peins, ses structures, ses
icônes, ses mythes, car je crois que l’âge du
numérique qui émerge s’impose aux artistes.
J’ai donc opté pour ce que j’appelle les beauxarts
numériques et un nouveau naturalisme.
Vous écriviez dans votre Petit manifeste
de 1999 : «Malevitch ne peindrait plus des
carrés noirs, mais des codes-barres.» Est-ce
une manière de réfuter l’approche wildienne
de «l’art pour l’art» et d’assigner à celui-ci
un rôle social?
Initiateur de l’art sociologique au début des                 
années 1970, j’ai cherché à mettre en œuvre
la pratique de ce concept. Je crois que l’art
va être de plus en plus interrogatif et critique
face aux mutations sociales considérables que
nous vivons, qu’il va soumettre l’esthétique
à l’expression des questions éthiques. Au
XXe siècle les artistes se questionnaient
beaucoup plus sur l’art et l’esthétique que
sur la société. Malevitch, le suprématiste,
s’interrogeait métaphysiquement sur la
mort de la peinture. C’est l’utopie sociale
soviétique qui a tué le constructivisme.
Mais aujourd’hui, c’est l’angoisse sociale du
futur qui sauve la peinture de l’épuisement
de ses vieux thèmes. Le code-barres Quick
Response est constitué de petits carrés
noirs et blancs, mais c’est aussi l’emblème
identitaire de notre société de gestion et
de consommation. La peinture devient
sociologique et philosophique.
Si les artistes témoignent de leur temps, il
semble que vous lisiez le nôtre comme celui
du «tout économique».
L’utopie de l’économisme a pris la relève des
utopies sociales du XIXe siècle qui ont échoué.
Le libéralisme économique et marchand
inspiré du darwinisme est devenu le nouveau
paradigme de notre organisation sociale et
internationale. Certes, les artistes n’ont jamais
montré d’intérêt pour l’économie, un thème
jugé trivial. Mais elle est aujourd’hui plus
importante que le nu féminin ou que les boîtes
de Campbell Soup de Warhol. Je peins donc la
météo de Wall Street, les paysages montagneux
de notre nouvelle nature économique dont les
zigzags qui montent au ciel ou descendent
aux enfers, les tableaux statistiques
scandaleux de l’inégalité sociale, les codesbarres
de l’identification et de la gestion des
marchandises, mais aussi des personnes, des
pensées, des émotions et des rêves.
Quel sens donner à votre peinture intitulée,
non sans ironie, Le Ciel?                                                                
                                                          
                                                                 

Arnaud Fischer Le+ciel
La nature a beaucoup changé avec les
siècles. Adieu les ciels hollandais, et ceux de
Tiepolo. Voilà les ciels d’Airbus et de Boeing.
Nous en avons fini avec les couchers de
soleil romantiques. Le ciel n’est même plus
écologique. Il est devenu laïc et marchand.
Quantitatif. C’est celui de nos billets d’avion
et de la concurrence entre les compagnies
aériennes qui se le disputent au Salon du
Bourget. Une bataille de Titans capitalistes.
La religion aussi a changé.

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Suite à mon exposition au Musée d’art moderne de Sao Paolo organisée par Cristina Freire (2012-2013), je vois passer sur internet une série de photos de jeunes visiteurs qui se sont arrêtés plus longtemps dans l’espace des tampons d’artistes:
On trouvera ces photos sur le site de Loretto Casaroti:
http://lorettocasaroti.wordpress.com/2013/03/16/herve-fischer-carimbo-testa/
Bravo pela creaçao e até logo!

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Arnaud Fischer photo+villegle

rencontre avec Jacques Villeglé à Bordeaux, lors de l’événement OPLINE, novembre 2013

Arnaud Fischer photo+villegle

Dédicace de L’Avenir de l’art par ORLAN et Jacques Villeglé à la Librairie Mollat, à Bordeaux, novembre 2013