En confrontant le numérique à l’analogique, ici un portrait figuratif style bande dessinée et celui que j’exprime avec un code-barre QR, c’est une icône double et contradictoire que je fais naître. Celle d’une transition entre deux époques. Le portrait aux traits se lit avec les yeux et la mémoire. Le code-barre QR ne peut être lu qu’avec un appareil électronique, comme celui d’un iPhone. Il exprime moins et plus. Il situe Éthan, mon petit-fils, à l’âge du numérique et énonce une émotion. Et en jouant avec le noir et le rouge, j’ai pu y introduire une connotation ludique. Tout y est donc conceptuel.
Ce n’est pas demain que mon cerveau pourra lire couramment des codes-barres! Et que Dieu, si je puis dire, nous en garde! L’image est totalement médiatisée. En revanche, le portrait aux traits se lit immédiatement, directement, même s’il est extrêmement simplifié. Et il exprime aussi une émotion, non pas la mienne, mais celle de l’adolescent et évoque son caractère rieur et spontané.
L’art du portrait change. Il est emblématique des cultures, des civilisations, des grandes périodes de l’évolution humaine. Une exploration s’ouvre, où les portraits, anciens et nouveaux peuvent se superposer, s’imbriquer, s’opposer, se multiplier, se déjouer, se défaire et se recomposer. Un portrait amoureux numérique est-il possible? Ou le portrait en code-barre QR est-il le signal de notre déshumanisation?
Le portrait numérique
Éthan, peinture acrylique sur toile, 130x89cm, 2014