Où se trouve aujourd’hui le marchand de couleurs? Plus chez le fournisseur de matériel artistique, mais chez le vendeur de glace. Les bacs enlignés de glaces de toutes les couleurs, plus saturées les unes que les autres, à la pistache, au bleuet, à la framboise, au citron déclinent toutes la gamme des colorants artificiels. Le kitsch a chassé le naturel. De la peinture crémeuse au tube grand format. C’est cela, le fauvisme digital.Nous consommons les couleurs, plus encore que les images qui les diffusent. Un environnement alimentaire, acidulé. Nous salivons les couleurs du monde. Le monde de l’estomac, qui l’a emporté sur les yeux. Et vient l’obésité de ce monde sucré, gazeux, de crème et de sucre glace. Antoni Miralda et Dorothée Selz avaient vu juste.