Publié le

Felipe Ehrenberg

Arnaud Fischer DSC08460

En la casa de Felipe Ehrenberg, Sao Paulo, mayo 2012. Arte y vida, periferia, unas palabras de mi amigo Felipe, artista mexicano multimedia de inspiracion Fluxus. Un amigo tambien del evento social imaginario « La calle adonde llega? en el MAM de Mexico, 1983.
 www.ehrenberg.art.br

Publié le

Jean-François Bory

Arnaud Fischer Humidit%C3%A9

L’humidité

Revue de poésie expérimentale de Jean-François Bory

Réédition de l’intégralité de l’Humidité, la plus importante revue française de poésie expérimentale des années soixante-dix. Lorsqu’on demande à Jean-François Borypourquoi il a appelé sa revue L’Humidité, voici ce qu’il répond : ‘Parce quej’ai passé toute mon enfance en Asie. Il y a une saison particulière en Asie avec la mousson. Tout est humide! L’humidité de l’air est parfois à 75%. C’est une chose singulière qu’on ne ressent nulle part ailleurs, la mousson. Respirer devient alors tout différent, par exemple fumer une seule cigarette dans ce bain de vapeur vous saoule complètement. Voir aussi est différent car tout est flou avec tant d’eau dans l’air. On est myope ! On est dans une cinquième saison avec L’Humidité. C’est la cinquième saison du monde. ‘Lorsqu’on dépasse la légèreté et l’a priori désinvolture, toute picabienne, de cette réponse, on s’aperçoit qu’il y a pas mal d’indices dans ces quelques mots : Il vient d’ailleurs, sa revue sera le terreau de tous les ailleurs, là où on voit différemment, là où l’expérience s’allie à la réflexion, là où on prend des risques, donc (jusqu’à l’ivresse), pour ouvrir de nouveaux territoires. Difficile également de ne pas voir la référence à la revue 5e saison d’Henri Chopin, à la fois hommage et dépassement. Car il s’agit bien de cela avec Jean-François Bory et les auteurs,poètesartistes, etc. dont il s’entoure pour que vive L’Humidité : derrière un joyeux et remuant désordre, parfois potache, parfois frontalement rebelle ; derrière cet esprit à la fois frondeur mais radicalement dilettante ; il y a la construction d’un espace de pensée et de recherche, un vrai laboratoire où se croisent les pratiques artistiques les plus novatrices du moment. Et ce qui se joue dans cette revue au fils des livraisons, c’est ce qu’a toujours défendu Jean-François Bory (et avec lui Julien BlaineBernard Heidsieck,Pierre et Ilse Garnier et tous les acteurs des poésies expérimentales) : que la poésie-action défendue ici a autant à voir avec l’histoire de la poésie via la littérature, qu’avec l’histoire des avant-gardes, des premiers futuristes à nos jours. Et effectivement, on comprend bien mieux les enjeuxdes poésies visuelles, performatives, sonores, etc. lorsqu’on les voit confrontées avec les pratiques d’artistes du nouveau réalisme ou de la nouvelle figuration, de l’art sociologique(FischerJourniacMaccheroniAgullo), du body art ou de l’art charnel (OrlanGina Pane, Journiac), de l’art comportemental (Agullo) etc ., mais également d’écrivains comme José Pierre, Pascal QuignardPierre Bourgeade,Roland Barthe et tant d’autre. A l’heure où s’écrit enfinl’histoire des poésies expérimentales, cette réédition de L’Humidité est un outil indispensable pour mieux comprendre cette aventure.
______________________________
Al Dante (Editions), France, 2012
Publié le

Malevitch QR

Arnaud Fischer Code%2BQR
Malevitch QR, acrylique sur toile, 92 x 92cm, 2014

Du Carré noir sur fond blanc de Malevitch en 1915 aux carrés noirs sur fond blanc des codes-barres Quick Response d’aujourd’hui: l’image change moins que le sens que nous lui donnons. Dire que tout a été fait en peinture, comme on le répète à satiété aujourd’hui, c’est prendre les choses à l’envers. Car ce n’est ni le pigment, ni la composition, ni même la forme qui fait la peinture. Comme Marcel Duchamp l’a montré en intitulant Pharmacie un paysage (1914), avec l’urinoir nommé Fontaine (1917) ou en ajoutant des moustaches et une barbichette à la Joconde (LHOOQ, 1919), c’est le sens social que nous lui attribuons. Le carré noir sur fond blanc a été l’absolu emblématique du suprématisme russe, puis l’annonce de la mort de la peinture par Malevitch, aujourd’hui une icône numérique d’identification rapide. Et qui scannera cette peinture avec son téléphone intelligent y lira «Art, vie, philosophie»: le sens que j’ai le pouvoir de lui donner.


Autre déclinaison actuelle: lorsque je porte aujourd’hui sur ma chemise un carré noir sur fond blanc, cela ne renvoie plus au suprématisme. C’est un signal de protestation codé socialement pour s’afficher contre le gouvernement ultra-conservateur canadien du premier ministre Harper.