Notre cosmogonie est devenue numérique, dans tous les sens du mot. Elle se mesure en toute chose. On l’avait oublié, depuis les Grecs, mais on y est revenu depuis la Renaissance et aujourd’hui plus que jamais. Structures et nuances se chiffrent. J’insiste donc sur la signification d’une esthétique quantitative.
Mais notre image du monde relève aussi désormais dans sa représentation, dans son interprétation, dans sa modélisation, dans son instrumentalisation de l’omniprésence du code binaire sur lequel se fonde le numérique. Nous l’approchons, nous l’interprétons, nous la contrôlons, nous la transformons avec des appareils électroniques, des algorithmes, des logiciels, des fichiers numériques et en fausses couleurs. C’est en ce sens que le numérique est devenu notre nouvelle nature et que je parle de Nouveau naturalisme.
L’art actuel peut rejeter cette évidence ou en diverger avec une conscience aiguë de ses raisons. C’est là une posture tout à fait légitime et éventuellement fort intéressante. Car le numérique, malgré son efficacité évidente, ce n’est pas une vérité, mais seulement un codage trivial, ainsi que la métaphore contemporaine sur laquelle se base la science.
L’art actuel peut aussi s’y soumettre dans les délices de l’hypnose.
Il peut encore l’explorer, la questionner, la critiquer, sans en nier ni la puissance, ni les vertus, ni les utopies, ni le mythe, ni les dangers. C’est le choix que j’ai fait.