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Nouveau naturalisme

Arnaud Fischer herv%C3%A9Fisher

Le réel demeure incontestablement plus surprenant, plus mystérieux que le monde virtuel que nous bricolons. Plutôt que de les opposer, nous gagnerons beaucoup à conjuguer le réel et le virtuel comme deux mythes qui se complètent nécessairement, jusqu’à créer une nouvelle réalité où nous allons vivre désormais. Un nouveau naturalisme à explorer pour les artistes et les philosophes, car il ne sera plus jamais le même. Nouveau bien qu’il ressemble plus à celui des sociétés que nous avons appelées «primitives» qu’au réalisme que nous avons inventé à la Renaissance et que nous appelions encore tout récemment «la modernité».   
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Dans la revue PRUSSIAN BLUE
No 6 – Octobre 2013
EXPOSITION
« Les couleurs du marchand de glaces.
Le fauvisme digital » d’Hervé Fischer
Galerie ECI // 32 av. Matignon, Paris
30 mars > 30 juin 2013
HERVÉ FISCHER : UN CONCEPTUEL ENGAGÉ
PAR GUILLAUME DE SARDES
Après vous être engagé sur la voie de l’art
multimédia, vous avez choisi de revenir à la                  
peinture? Pourquoi?     
                                                                                              
Arnaud Fischer avenirdelart.blogspot

Arnaud Fischer P+S

J’ai découvert la magie des ordinateurs
au Québec en 1983. Cela a bouleversé ma
pratique d’artiste et j’ai créé peu après la
Cité des arts et des nouvelles technologies
de Montréal, qui a exposé pendant dix ans
tous les pionniers du multimédia. C’était une
époque passionnante et héroïque. Mais alors
que les artistes numériques dénonçaient
l’obsolescence des beaux-arts, j’ai quant à moi
de plus en plus relativisé cette rupture. Je ne
crois pas au progrès en art. L’interactivité me
semble peu intéressante en art. Le multimédia
ne remplace aucunement la multisensorialité
de la peinture ou de la sculpture. Les œuvres
d’art numérique sont éphémères. La vitesse
du progrès technologique et des flux de pixels
les cannibalise. Elles sont le plus souvent
ludiques, sans contenu critique. Je suis donc
revenu en 1999 à la peinture, optant pour
l’arrêt sur image. Cela a été une décision
difficile. Mais bien entendu, c’est le monde
numérique que je peins, ses structures, ses
icônes, ses mythes, car je crois que l’âge du
numérique qui émerge s’impose aux artistes.
J’ai donc opté pour ce que j’appelle les beauxarts
numériques et un nouveau naturalisme.
Vous écriviez dans votre Petit manifeste
de 1999 : «Malevitch ne peindrait plus des
carrés noirs, mais des codes-barres.» Est-ce
une manière de réfuter l’approche wildienne
de «l’art pour l’art» et d’assigner à celui-ci
un rôle social?
Initiateur de l’art sociologique au début des                 
années 1970, j’ai cherché à mettre en œuvre
la pratique de ce concept. Je crois que l’art
va être de plus en plus interrogatif et critique
face aux mutations sociales considérables que
nous vivons, qu’il va soumettre l’esthétique
à l’expression des questions éthiques. Au
XXe siècle les artistes se questionnaient
beaucoup plus sur l’art et l’esthétique que
sur la société. Malevitch, le suprématiste,
s’interrogeait métaphysiquement sur la
mort de la peinture. C’est l’utopie sociale
soviétique qui a tué le constructivisme.
Mais aujourd’hui, c’est l’angoisse sociale du
futur qui sauve la peinture de l’épuisement
de ses vieux thèmes. Le code-barres Quick
Response est constitué de petits carrés
noirs et blancs, mais c’est aussi l’emblème
identitaire de notre société de gestion et
de consommation. La peinture devient
sociologique et philosophique.
Si les artistes témoignent de leur temps, il
semble que vous lisiez le nôtre comme celui
du «tout économique».
L’utopie de l’économisme a pris la relève des
utopies sociales du XIXe siècle qui ont échoué.
Le libéralisme économique et marchand
inspiré du darwinisme est devenu le nouveau
paradigme de notre organisation sociale et
internationale. Certes, les artistes n’ont jamais
montré d’intérêt pour l’économie, un thème
jugé trivial. Mais elle est aujourd’hui plus
importante que le nu féminin ou que les boîtes
de Campbell Soup de Warhol. Je peins donc la
météo de Wall Street, les paysages montagneux
de notre nouvelle nature économique dont les
zigzags qui montent au ciel ou descendent
aux enfers, les tableaux statistiques
scandaleux de l’inégalité sociale, les codesbarres
de l’identification et de la gestion des
marchandises, mais aussi des personnes, des
pensées, des émotions et des rêves.
Quel sens donner à votre peinture intitulée,
non sans ironie, Le Ciel?                                                                
                                                          
                                                                 

Arnaud Fischer Le+ciel
La nature a beaucoup changé avec les
siècles. Adieu les ciels hollandais, et ceux de
Tiepolo. Voilà les ciels d’Airbus et de Boeing.
Nous en avons fini avec les couchers de
soleil romantiques. Le ciel n’est même plus
écologique. Il est devenu laïc et marchand.
Quantitatif. C’est celui de nos billets d’avion
et de la concurrence entre les compagnies
aériennes qui se le disputent au Salon du
Bourget. Une bataille de Titans capitalistes.
La religion aussi a changé.

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Suite à mon exposition au Musée d’art moderne de Sao Paolo organisée par Cristina Freire (2012-2013), je vois passer sur internet une série de photos de jeunes visiteurs qui se sont arrêtés plus longtemps dans l’espace des tampons d’artistes:
On trouvera ces photos sur le site de Loretto Casaroti:
http://lorettocasaroti.wordpress.com/2013/03/16/herve-fischer-carimbo-testa/
Bravo pela creaçao e até logo!

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Arnaud Fischer photo+villegle

rencontre avec Jacques Villeglé à Bordeaux, lors de l’événement OPLINE, novembre 2013

Arnaud Fischer photo+villegle

Dédicace de L’Avenir de l’art par ORLAN et Jacques Villeglé à la Librairie Mollat, à Bordeaux, novembre 2013

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Tweetart et doctorat honoris causa

Arnaud Fischer DSC5618

L’Université du Québec en Outaouais m’ayant accordé l’honneur d’un doctorat honoris causa des universités du Québec, j’ai eu le plaisir lors de mon discours de réception le 2 décembre 2013 de présenter les idées qui fondent mon art et mes écrits, en illustrant mon propos de quelques capsules de tweetart. Un moment d’intensité devant un vaste auditoire de sages professeurs et d’innombrables étudiants. Merci au recteur Vaillancourt pour son discours si convivial. Merci à mes amis de l’UQO, et notamment à Ginette Daigneault, d’avoir voulu m’offrir cette belle occasion et cet honneur académique.

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Disparition de Serge Goudin-Thébia

LA MOSAÏQUE EPARPILLÉE, PUIS RECOMPOSÉE
Fernand Tiburce FORTUNE
vendredi 26 juillet 2013 
 
la rédaction de Montray Kreyol 
Quelques œuvres à retrouver sur le site:  http://yaelkan.livegalerie.com/  

« L’itinerrance »,(comme il se plait à nommer son parcours) de Serge Goudin-Thébia, est en elle-même merveilleuse, au sens où l’entend Alejo Carpentier et en regard de la définition magistrale que donne Jacques Stephen Alexis de la notion de réel-merveilleux.
En effet, la vie de Serge Goudin-Thébia s’inscrit profondément à la fois dans une réalité difficile, complexe et dans une féérie étonnante. Mais ce n’est pas un conte de fées. Une histoire fantastique plutôt, caractérisée par une juxtaposition ou un enchaînement de faits extraordinaires, sans logique apparente, sans liens évidents, révélés dans une imbrication de champs multiples et divers, dans un croisement de hasards, dans une succession incroyable de carrefours décisifs. Et, par une magie inexplicable, toutes les lignes parallèles vont se rejoindre, puis se confondre dans des bonheurs inattendus, ou se conjuguer pour conjurer au mieux le mauvais sort. Mais, si Serge Goudin-Thébia est la somme vivante de destins croisés où l’événement est davantage subi, il est aussi celui qui saisit les opportunités, qui colle à la réalité, qui maîtrise ses choix, qui tisse les fils directeurs au quotidien, et ce, de la façon la plus logique, la plus rationnelle, la plus déterminée qui soit.
Et, c’est en cela que son parcours et son œuvre s’inscrivent dans un réel-merveilleux, dans une américanité et une caribéanité, longtemps vécues dans l’inconscient, puis découvertes dans un éblouissement où la poésie fut un fil d’ariane, et les couleurs bleu et noir, la lumière et la musique. Serge Goudin-Thébia est né le 23 Août à Agen, Lot et Garonne (France). Il est d’abord un homme déchiré qui devine, puis voit de plus en plus clairement devant lui les pièces noires et blanches d’une belle mosaïque à rassembler. Métis (donc déjà à un carrefour), il est élevé seul par sa mère catalane, son père originaire de la Guyane s’en est allé alors qu’il avait quatre ans. Serge perçoit très tôt les cloisons et les plus subtiles distinctions de la vie et apprend ainsi à déchiffrer vite les regards, les mots et les silences.
Il sera un rebelle, l’homme des passages et des mutations. le rebelle intérieur d’abord qui va traquer en lui-même toutes les ambiguïtés, toutes les contradictions. Le rebelle politique et social dans son engagement contestataire à la fin des années soixante…
[Pour Serge] l’artiste doit, dans une analyse critique, se détourner de la pure approche technique ou technico-logique de l’académisme et se projeter tel qu’il est (un monde lui-même), dans son art. Faire bouger l’art et introduire la notion d’art sociologique. C’est-à-dire démystifier l’art et revoir les rituels. Donner à l’Art total (peinture, sculpture, photos, vidéo, gravure…) toute sa dimension d’échange, de relation avec l’autre, ré-ouvrir l’Art sur une fonction communication qui lui a été longtemps refusée ou confisquée…
Extrait (p 74-75) de » La voie du Fromager, ou l’art du dedans » de Fernand Tiburce FORTUNE
Fernand Tiburce FORTUNE Ancien Président du groupe FROMAGER


A souligner: la référence à un art sociologique