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MARKET ART, une lecture de Claire Astier (2018)

Hervé FischerMarket Art
Paris : François Bourin, 2016, 167p. ill. en noir et en coul. 16 x 13cm
ISBN : 9791025202036. _ 20,00 €
Arnaud Fischer 41kzP4cKg3L. SX260

Market Art se présente comme un essai critique sur la financiarisation de l’art. Les propos de l’auteur s’appuient sur sa propre expérience d’artiste, dont les œuvres illustrent le propos, et sur son jugement moins théorique ou esthétique que personnel. Hervé Fischer définit le « market art » à partir de la liste des artistes les plus cotés sur le marché et associe valeur marchande et valeur esthétique de manière inversement croissante. « Faut-il en conclure que le market art est dans l’ensemble plutôt médiocre ? Je le pense », précise-t-il. Le chapitre « La déclinaison capitaliste du mythe de l’art » (p. 33-64) exprime les inquiétudes ambivalentes de l’auteur sur la capacité des institutions dirigées par des industriels et collectionneurs à se prémunir de l’influence des marchés dans leur sélection d’artistes. Mais, nuance-t-il, « ces oligarques sont mécènes comme jadis le furent les rois de France» (p. 50) auxquels nul reproche ne saurait être fait au risque d’effacer l’histoire de l’art français. « La déclinaison capitaliste du mythe de l’art n’a rien de scandaleux en soi » (p. 51), et pourquoi s’indigner de ces liens entre art et capitalisme qui sont, selon Hervé Fischer, préférables à l’aliénation de l’art par la guerre, la magie ou la religion (p. 59) ? « Ne suffit-il pas que l’artiste donne à cet objet de commerce sa puissance critique et interrogative pour que celui-ci redevienne une œuvre d’art significative ? » (p. 60). Hervé Fischer s’absout d’une analyse marxiste pour lui préférer une réflexion sur l’alchimie qui déporte la valeur de l’œuvre sur son auteur, faisant de l’art des « token vides de contenu » (« Le capital symbolique », p. 78) mais pourvoyeur d’un capital symbolique. En conclusion, l’auteur analyse ce phénomène comme un passage dans l’histoire de l’art et considère assez simplement que les artistes émergents initient d’ores et déjà un changement profond en ne se compromettant pas avec le market art (« Art et Economie financière », p. 163).

Référence électronique

Claire Astier, «  Hervé FischerMarket Art », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 09 mai 2018, consulté le 26 juin 2019. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/25694