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Les arts sont toujours premiers

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 Depuis 1971 avec la contre-empreinte préhistorique de main anti-avant-gardiste et l’ “l’hygiène de l’art” qu’elle induisait, puis en 1979 avec la performance à la gare terminus de Lyon Les-Brotteaux et la performance “ L’Histoire de l’art est terminée” au Centre Pompidou (livre éponyme chez Balland en 1981), face à l’avant-gardisme exacerbé des années 70-80, je n’ai cessé de rappeler qu’il n’y a pas de progrès en art, que ces deux concepts sont des modes de pensée étrangers l’un à l’autre. 


Et c’est sur cet approfondissement du mythe de l’art et de l’évolution sociologique de son expression  (structurelle et idéologique) que j’ai fondé l’art sociologique et ma conception de la mythanalyse. Je n’ai cessé d’y penser depuis cinquante ans dans ma gouverne, ma pratique artistique (plusieurs autres performances et des peintures acryliques sur toile), et ma construction théorique de la mythanalyse que j’achèverai dans deux ou trois ans pour publication. 


Lors de la préparation de cette exposition « La main à l’oeuvre » au 24Beaubourg, j’ai réanimé le lien avec les idées et travaux de mon arrière-grand-père Édouard Piette, pionnier de la préhistoire, et j’ai décidé de réactualiser sa mémoire qui est devenue fondatrice pour moi. Je veux y arriver. Le Centre Pompidou l’a remis en scène dans son exposition «La préhistoire, une énigme moderne » en 2019. Et je suis en quête dans mon travail d’artiste d’autres projets liant art et préhistoire. 


Cette toile déclaratoire que j’ai présentée au 24Beaubourg est donc fondamentale pour moi, une sorte de manifeste artistique: tous les arts sont premiers


Je suis étonné que cette évidence n’ait pas à ce jour été soulignée, déclinée, alors qu’on parle tant, tout à l’opposé, d’avant-garde depuis le milieu du XIXe siècle. 


Je me positionne donc en rétro-action mythanalytique par rapport au mythe du progrès technoscientifique (Prométhée) qui a héroïquement contaminé le mythe de l’art, et qui erre aujourd’hui dans les utopies trans- et posthumanismes toxiques, mais en demande du mythe du progrès humain, qui demeure pour moi le fondement de mon espoir hyperhumaniste (transcendantalisme humain).


Et je renoue avec le titre même du livre-album de mon arrière-grand-père « L’art pendant l’Âge du renne »: c’était à cette époque une audace intellectuelle que nombre d’ethnologues et anthropologues dénoncent encore aujourd’hui  comme « un anachronisme » scientifiquement indéfendable. Dès la préhistoire, il y a quarante mille ans, et sans doute plus, l’art était premier, c’est-à-dire l’expression d’un mythe en résonance avec l’origine de l’univers et de la vie, polarisé actuellement davantage vers sa destinée.


Et pour mettre des points sur les i, j’ai à mon tour signé, ce qui apparaît d’emblée contradictoire: un « tweet art sur toile »,  en précisant sur l’oeuvre (contrairement à l’usage et à la pensée superficielle) « sans date ». C’est donc une oeuvre synthétique de 50 ans de réflexion, de pratique artistique et d’engagement pour la suite de mon travail. 

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14 juillet: mort de Christian Boltanski

 La morbidité soigneusement et efficacement exposée de Christian Boltanski, dans son aspect ordinaire misérable, m’était difficile, voire intolérable. C’est la vie que j-e veux aimer, contre la mort, pour vaincre la mort, l’ennemi insidieux. Je sus né pour remplacer un enfant mort. C’est mon identité profonde. Je n’ai donc aucune affinité possible avec Boltanski.

Sa 2e expo au Centre Pompidou en 2020 était saturante, saturée. Célébrer misérablement la mort, c’est ne pas vivre, c’est ne pas aimer la vie, c’est exclure de faire valoir par contraste le prodige de la vie. Je n’aime pas penser à lui. Pas plus qu’à la mort. Je reconnais cependant son importance comme artiste, comme témoin d’un XXe siècle de désastres humains et de notre condition mortelle. Sa mort est donc importante. Elle scelle son oeuvre en la légitimant. Mais je fuis cette oeuvre trop imprégnante pour ma fragilité. 
Pas d’autres nouvelles aujourd’hui. J’ai passé la journée dehors, dans ma forêt boréale, dans la verdure, les arbres, les fleurs, le plein air, la douceur de l’air: un sentiment d’existence intense contre la fatigue encore bien présente au retour d’un voyage en France.
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Exposition Mail Art au Centre Pompidou

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Les collections de la Bibliothèque Kandinsky dans les vitrines du Musée National d’Art Moderne, Niveau 4

Mail Art : réseau postal éternel

Mouvement initié aux Etats-Unis dans les années 60 sous l’impulsion de Ray Johnson et la New York Correspondence School, la communauté des mail artistes a constamment déplacé les frontières et les territoires de l’art, avec ironie, humour et une incessante force de subversion. La Bibliothèque Kandinsky revient sur l’extraordinaire inventivité graphique des productions d’art postal à partir de ses collections documentaires. Nombre de documents présentés dans cette vitrine proviennent du Fonds Hervé Fischer conservé à la Bibliothèque Kandinsky (don et acquisition, 1987, 2015, 2017). Constituant un fonds remarquable d’archives et de publications d’artistes, Hervé Fischer il se rapproche du courant international et rhizomatique du Mail Art dont il devient un des acteurs majeurs, sa « boîtes à lettres » parisienne se transformant alors en une plaque tournante de la correspondance entre artistes de différents pays. D’autres compléments, telles les revues Vile et Libellus rejoignent la sélection grâce au Fonds de revues et de « petits papiers » de Paul Destribats.

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Robin Crozier, 12 cards for Biennale de Paris, 1973, Fonds Hervé Fischer © Bibliothèque Kandinsky, Mnam-Cci, Centre Pompidou

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LA RÉPARATION DANS L’ART, un livre incontournable de Norbert Hillaire

 

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Voilà un livre aussi marquant qu’inattendu. Norbert Hillaire est notamment connu comme historien des arts numériques suite au livre qu’il a publié avec Edmond Couchot sur ce sujet et qui est devenu une référence : L’art numérique : Comment la technologie vient au monde de l’art, édition Flammarion, Champs art, Paris, 2009. Et ce nouveau livre, La réparation dans l’art (Nouvelles éditions Scala, 2019) * aborde un domaine non seulement très différent, mais aussi jusqu’à présent très peu traité par les spécialistes de l’art. 

Le lecteur y découvrira ce qui, tout à l’opposé des arts numériques, relève des maux de la Terre et de l’Humanité, de la blessure, de la souffrance, de l’incertitude, de la fragilité, des fragments, de la disparition des hommes et des choses. Comment l’art pourrait-il apporter réparation et même rédemption à ce monde qui, comme Venise, est si beau, si précieux, si dense de mille couches d’histoires, de cultures, si insaisissable dans son existence profonde, et pourtant menacé de sombrer sous nos coups ?

À l’opposé des recettes raisonnantes des algorithmes et de l’intelligence artificielle qui construisent un monde computationnel entièrement transparent et manipulable à merci, un monde instrumental excluant tout doute, tout bog, ce nouveau livre de Norbert Hillaire commence par nous remettre en mémoire la « Part maudite » qui fondait la démarche de Georges Bataille, les œuvres des poètes, tels Francis Ponge, Georges Perec, des peintres de la matière, Braque et Fautrier, qui travaillent l’ombre, l’incertitude dans l’épaisseur de la pâte qui recèle les blessures de l’existence, comme pour donner réparation aux douleurs de la condition humaine. Il s’interroge sur « la rage de l’expression » qui animait Francis Ponge ou les « colères » d’Arman. Il s’arrête sur les mots qui nourrissaient la souffrance d’Antonin Artaud.

Et reprenant cette assertion de Bruno Latour, « nous n’avons jamais été des modernes », il fait retour sur les cultures traditionnelles, le kintsugi et le boro traditionnel japonais, le duende, cet entre-deux qui crée la tension vitale du flamenco d’Andalousie, et tout particulièrement la pensée kabbalistique de la mystique juive.

Norbert Hillaire était donc capable de faire le grand écart entre la rigueur machiniste du numérique, qu’il a exploré précédemment, et ce qui se fait et se défait dans la réalité incertaine de nos cultures depuis toujours. Et il démontre dans ce livre une impressionnante maîtrise multiréférentielle des pratiques artisanales, artistiques, littéraires et mystiques qui traversent les époques et les civilisations.

C’est avant tout à « l’illisibilité du monde » qui exige l’interminable déchiffrage de la Kabbale que je m’arrêterai, car elle est centrale dans sa pensée et finalement emblématique de la démarche dans les profondeurs du réel, dans laquelle il nous entraîne. Dénonçant « le passage du rouleau compresseur de ce global english, qui nous sert de véhicule planétaire pour communiquer », il souligne qu’« on ne peut manquer de buter sur un autre emploi de la notion de réparation : celui qu’il reçoit dans la mystique juive de la Kabbale : le tikkun ». Ce n’est pas le lieu ici d’entrer dans le détail de la mystique juive à laquelle il consacre de nombreuses pages en reprenant des sources expertes savantes et confirmées. Mais il est frappant de revoir avec lui l’œuvre d’Anselm Kiefer, pour qui « seuls les poèmes ont une réalité », et notamment ses immenses livres de feuilles épaisses de plomb, à la lumière de cette sédimentation feuilletée d’interprétations du monde toujours à refaire dans la lecture du Talmud. Nous ne savons pas ce qu’est le monde. Il nous demeura toujours énigmatique et c’est pourquoi on ne trouve pas dans la religion juive de corpus théologique clairement et facilement énonçable, résumable dans un Que sais-je ?, comme dans les deux autres monothéismes. 

Ce livre m’a donné beaucoup à réfléchir et je ne cacherai pas qu’il m’a bouleversé, tant il impose une vision incontournable du monde, qui se trouve opposée à l’engagement dans le monde qui est mien.

La réalité ou, comme on dit, « le monde », est faite de beaucoup de réalités diverses, contradictoires, sous tension, qui demeurent toujours insaisissables, émergentes, évanescentes, en lutte, en fragments. La théologie, la mystique, la phénoménologie, la physique, la poésie tentent d’y accéder, d’en rendre compte. Il est fondamental de le rappeler en un moment où l’humanité vise à s’en rendre maître et possesseur avec l’intelligence artificielle. Mais entre ce monde de replis, de couches d’ombres et de matières épaisses, de fulgurances poétiques, de malaises, de défaites, de blessures, de souffrances, de résistances dont Norbert Hillaire nous fait entrevoir les possibles réparations, et la prothèse instrumentale, machinique, que les programmateurs et les artistes du numérique nous imposent aujourd’hui, et dont il exposait les exploits dans son livre précédent avec Edmond Couchot, invoquant la programmation plutôt que la réparation, il y a béance, même lorsqu’il réintroduit dans l’art de la réparation quelques références à des artistes numériques, en fait trop sûrs de leurs créations. 

Où en sommes-nous ?

D’une part le monde ancien qui persiste et qu’il évoque cette fois, ce monde « trop humain » d’une épaisseur inépuisable. Norbert Hillaire aurait pu d’ailleurs consacrer beaucoup de pages supplémentaires à la psychanalyse, qui elle aussi prétend « réparer » les inconscients. C’est le monde qui nous domine, quoiqu’en ait dit la Bible et que prétende l’Anthropocène.

D’autre part le monde numérique, ce simulacre tout à notre main, sur lequel nous pouvons exercer une magie extensive, rendre compte de tous les recoins (qui n’y existent plus), et que l’intelligence artificielle secrète sans relâche aujourd’hui au point de nous y immerger et de nous faire perdre conscience de la vulnérabilité et de la résistance de notre condition humaine planétaire trop réelle. 

Ce monde sans ombre, ni repli, n’a que faire d’Anselm Kiefer. Et réciproquement. Son paradigme est celui de la gestion et d’un contrôle sans faille. Il n’a pas le droit à l’erreur. Nous le créons, mais il prétend désormais lui aussi nous dominer.

Ce qui est devenu pour moi l’enjeu majeur de ces deux mondes de densités opposées, le réel et le virtuel que Platon appelait jadis idéaliste, (cette opposition binaire n’est pas nouvelle, mais le numérique l’a renouvelée), ce n’est plus la matière de l’un, ni l’immatérialité de l’autre. Ce qui est l’urgence fondamentale commune à ces deux mondes, qui leur fait terriblement défaut et qu’il faut selon moi réparer de toute urgence, bien que ce ne soit pas ici le propos de Norbert Hillaire, c’est l’éthique. Une éthique devenue laïque et planétaire, qui devrait régenter ce multivers de deux mondes dans lesquels nous vivons désormais simultanément. 

Cette éthique planétaire devrait être idéalement, en amont de toute réparation, le respect fondamental de la nature et des droits universels de l’Homme. Seule la souffrance humaine a une réalité incontestable. Tout le reste peut être un fantasme ou une énigme : à la limite, peu m’importe. Elle est pour moi le seul absolu ontologique et il exige RÉPARATION maintenant. C’est pour cela que je ne suis pas un artiste du réel, mais de l’icône, de l’urgence et de la clameur. Du dialogue sur ma démarche que je vais assurément avoir bientôt avec Norbert Hillaire.

 

*-La diffusion de ce livre a subi l’effet pervers de la pandémie et mérite une très grande attention pour réparer la défaillance promotionnelle qui a pu le priver de beaucoup des lecteurs qu’il appelait.

 

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An old exchange with Rod Summers

 Quick story,

 

I have had a mouse attack in my archive, nothing too serious. They chewed at several of my old copies of Fandangos and another work by Raul Marroquin.  They had a little nibble at the box containing a work that Robert Filliou gave me when he visited and they attacked just the packaging of a plastic envelope where I had stored the mock-ups and one copy of the first two books I made whilst I was a student at the Jan van Eyck Academy back in 1974.  I was looking through one of them ‘MAIL PROJECT’  and saw that you participated in it… way back then… It is a square book with a RED cover.I had no idea we had been in contact for so long!  You were living in Paris back then.

 

I caught 4 mice in traps, then put down two Ultra Sonic devices that supposedly drive rodents crazy, drive rodents away, and which seem to have put an  end to my mouse problem!

 

And this seems to be the end of my story!-)

 

Happy Tuesday afternoon Hervé

®d


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