Peut-on peindre le temps?
Edgardo Antonio Vigo y Hervé Fischer, una historia importante
Toile à torchons de 1972
Toile libre Mains de 1970
MARKET ART, une lecture de Claire Astier (2018)
Market Art se présente comme un essai critique sur la financiarisation de l’art. Les propos de l’auteur s’appuient sur sa propre expérience d’artiste, dont les œuvres illustrent le propos, et sur son jugement moins théorique ou esthétique que personnel. Hervé Fischer définit le « market art » à partir de la liste des artistes les plus cotés sur le marché et associe valeur marchande et valeur esthétique de manière inversement croissante. « Faut-il en conclure que le market art est dans l’ensemble plutôt médiocre ? Je le pense », précise-t-il. Le chapitre « La déclinaison capitaliste du mythe de l’art » (p. 33-64) exprime les inquiétudes ambivalentes de l’auteur sur la capacité des institutions dirigées par des industriels et collectionneurs à se prémunir de l’influence des marchés dans leur sélection d’artistes. Mais, nuance-t-il, « ces oligarques sont mécènes comme jadis le furent les rois de France» (p. 50) auxquels nul reproche ne saurait être fait au risque d’effacer l’histoire de l’art français. « La déclinaison capitaliste du mythe de l’art n’a rien de scandaleux en soi » (p. 51), et pourquoi s’indigner de ces liens entre art et capitalisme qui sont, selon Hervé Fischer, préférables à l’aliénation de l’art par la guerre, la magie ou la religion (p. 59) ? « Ne suffit-il pas que l’artiste donne à cet objet de commerce sa puissance critique et interrogative pour que celui-ci redevienne une œuvre d’art significative ? » (p. 60). Hervé Fischer s’absout d’une analyse marxiste pour lui préférer une réflexion sur l’alchimie qui déporte la valeur de l’œuvre sur son auteur, faisant de l’art des « token vides de contenu » (« Le capital symbolique », p. 78) mais pourvoyeur d’un capital symbolique. En conclusion, l’auteur analyse ce phénomène comme un passage dans l’histoire de l’art et considère assez simplement que les artistes émergents initient d’ores et déjà un changement profond en ne se compromettant pas avec le market art (« Art et Economie financière », p. 163).
Référence électronique
Il n’y a pas de progrès en art
Handy
Et pourquoi pas l’art post-planétaire, tant qu’à s’exciter!
La pensée post-planétaire
Tandis que la préhistoire hante de plus en plus notre culture actuelle,* on nous parle aussi beaucoup ces temps-ci de trans- et de posthumanisme, de post-histoire, de post-rationalisme, de post-vérité, de post-démocratie… et en effet la science-fiction nous accoutume à cet environnement cinématographique. Nous envoyons des sondes spatiales vers les autres planètes du système solaire, nous préparons très concrètement des expéditions sur Mars. Nous découvrons des exo-planètes. Alors pourquoi pas voir émerger aussi un art post-planétaire. Et pourquoi pas, tant qu’à faire, un art exo-planétaire.
Mais, ce qui nous fait encore le plus défaut, c’est manifestement de penser ce que deviendra la planète Terre lorsque nous serons tous devenus (au moins les riches nantis) des transhumains et des post humains. Quelle sera la relation que développeront ces anthropoïdes d’un nouveau genre avec la vieille nature naturelle, avec les animaux, les végétaux de notre planète, puis avec les minéraux des autres planètes sans vie.
Sur Terre, sans doute, à supposer que notre planète survive aux entreprises humaines, n’y-aura-t-il alors plus d’oiseaux, ni de fleurs pour poser des questions métaphysiques aux cyborgs. Le problème sera réglé. D’autant plus qu’il n’y aura plus de pensée humaine. Seulement l’intelligence artificielle, qui saura résoudre toutes ces questions hypothétiques et créer des décors agréables aux circuits électroniques et aux humains quantiques que nous serons devenus.
Quant aux humanoïdes qui auront migré sur Mars et autres planètes plus attirantes que la Terre, ils auront assurément fort à faire pour ne pas tomber en panne et n’auront de pensée post-planétaire que strictement technologique.
La Terre est peut-être une vallée de larmes obsolète, mais la pensée post-planétaire risque fort d’être tout simplement cauchemado-pragmatique. Bel avenir post-planétaire en perspective, qui mériterait une pensée philosophique aigüe. La « pensée post-planétaire »: un beau titre de livre aux éditions Vrin, librairie philosophie, Paris, qui auront alors déménagé leur siège social de La place de la Sorbonne au Square postsolaire de la Silicon Valley.
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* Voir l’exposition « Préhistoire: une énigme moderne » au Centre Pompidou, mai-septembre 32019.
Le mobile art: un concept proposé par Marie-Laure Desjardins
Nous devons à Marie-Laure Desjardins, critique d’art, ancienne rédactrice en chef de la revue Cimaise, fondatrice d’ArtsHebdoMédia, d’avoir proposé le concept de mobile art (auquel elle a consacré sa thèse) et d’avoir organisé plusieurs expositions sur ce thème. La plus récente: Montluçon Mobile Art en avril-juin 2019.
J’ai eu le plaisir d’y participer: à preuve ces deux photos avec elle près de mon travail: