Ponencia sobre el hiperhumanismo y la etica planetaria
Hiperhumanismo en Buenos Aires, OEI
Charla sobre Arte sociologico en la UNA a la invitation de Fernando Davis
Archivo del CAYC
Encuentro Fernando Davis, Hervé Fischer, Horacio Zabala +
archive Romero /Fischer
Obra desaparecida Santiago
Una donacion de una obra de 1972 al Museo de la Solidaridad Salvador Allende de Santiago de Chile desaparecida en el tiempo de dictadura de Pinochet.
La métaphore quantique
La sociologie évolue dans ses métaphores au fil des mutations des structures de nos sociétés, aujourd’hui de masses. Nous sommes passés de sociétés premières indivises à des sociétés fondées sur la structure conjugale, puis féodales, aristocratiques, bourgeoises, individualistes, communistes, de masse.
Aujourd’hui, c’est la métaphore quantique qui pourrait le mieux interpréter son état actuel.
Commençons par l’analyser avec le modèle de la théorie ondulatoire-corpusculaire de la lumière. Cette contradiction reconnue dans la compréhension de la lumière, longuement débattue, contre-intuitive par rapport à notre tradition aristotélicienne et que seule la mécanique quantique permettrait d’accepter, trouve aisément son application métaphorique dans l’analyse de la société actuelle, à la fois atomisée (individualiste, identitaire) et mondiale, gérée par des ondes que sont les courants d’opinions, les imaginaires collectifs, les croyances écologique, pacifiste, hyperhumaniste, les pressions économiques consuméristes auxquelles nous sommes chacun individuellement soumis et qui nous gèrent comme des bancs de poissons ou des nuages d’oiseaux.
Nous sommes tout à la fois, du moins dans les sociétés occidentales, des individus sourcilleux de défendre nos autonomies individuelles, nos différences (corpuscules) et intégrés dans les ondes puissantes des médias de masse. Nous sommes à la fois dans les médias sociaux émetteurs et récepteurs d’informations. Bien sûr, en dehors de l’Occident, dans les sociétés collectivistes, notamment chinoise, il est clair que la théorie sociale est beaucoup plus ondulatoire que corpusculaire.
Reprenant les concepts de la mécanique quantique, nous dirons que nous sommes à la fois des particules autonomes et intégrées, enracinées et nomades, dans des états imbriqués avec les autres particules, en résonances mutuelles ou intrication, en superposition, vibration, délocalisation et localisation. Au niveau psychologique, pris dans nos différents rôles sociaux, homme, femme, père, mère, fille, fils, voisin, citoyen, professionnel, vacancier, consommateur, vendeur, acheteur, nous sommes enchevêtrés simultanément dans des postures différentes, voire contradictoires. Nous sommes à la fois de la matière et de l’énergie, stables et mouvants, pris dans un multivers aux paramètres discordants, en disruption et tout autant intégrateur.
Il en résulte que la métaphore quantique nous semble désormais décrire avec beaucoup plus de pertinence réaliste la dynamique, voie le vortex qui nous entraîne au-delà de nos instincts immédiats et sécuritaires de localisation ou d’enracinement et de nos zones stables de confort.
Nous sommes au-delà de la pensée en arabesque englobante que j’avais opposée à la linéarité causale. Les figures se sont brisées, les énergies sont devenues disruptives. Les intrications s’imposent au-delà de nos consciences individuelles et nous bousculent.
C’est donc désormais ce vocabulaire presque classique aujourd’hui de la mécanique quantique qui s’impose aux sciences humaines et sociales et remplace les anciennes catégories stables de la sociologie de Durkheim et Mauss.
Nous devrions réfléchir davantage à ce que serait une épistémologie quantique, non seulement en physique, dans notre rapport au monde, notre Weltanschaung, mais aussi dans notre rapport à la société et même à nous-mêmes, dans les consciences individuelles que nous avons chacun de nous-mêmes.
En d’autres termes, ceux de la mythanalyse, nous sommes conduits à admettre que la mécanique quantique, une fabulation nouvelle, mais assez réaliste pour être instituée dans le monde scientifique, dont les concepts relèvent originellement de la métaphysique et de la poésie, nous tient lieu de discours scientifique, épistémologique, avec une pertinence (efficacité) reconnue, sans que nous puissions intuitivement l’appréhender. L’atome même, cette conquête de la recherche scientifique encore matériel et donc rassurant, semble s’être évaporé aujourd’hui dans la fabulation physique nouvelle qui s’impose à nous.
L’art sociologique, qui interroge les rapports entre l’art et les idéologies et structures sociales, ne saurait ignorer cette évolution, se doit d’en explorer le nouvel état de la société et d’en questionner les représentations mythiques et les valeurs.
Hervé Fischer