La morbidité soigneusement et efficacement exposée de Christian Boltanski, dans son aspect ordinaire misérable, m’était difficile, voire intolérable. C’est la vie que j-e veux aimer, contre la mort, pour vaincre la mort, l’ennemi insidieux. Je sus né pour remplacer un enfant mort. C’est mon identité profonde. Je n’ai donc aucune affinité possible avec Boltanski.
Sa 2e expo au Centre Pompidou en 2020 était saturante, saturée. Célébrer misérablement la mort, c’est ne pas vivre, c’est ne pas aimer la vie, c’est exclure de faire valoir par contraste le prodige de la vie. Je n’aime pas penser à lui. Pas plus qu’à la mort. Je reconnais cependant son importance comme artiste, comme témoin d’un XXe siècle de désastres humains et de notre condition mortelle. Sa mort est donc importante. Elle scelle son oeuvre en la légitimant. Mais je fuis cette oeuvre trop imprégnante pour ma fragilité.
Pas d’autres nouvelles aujourd’hui. J’ai passé la journée dehors, dans ma forêt boréale, dans la verdure, les arbres, les fleurs, le plein air, la douceur de l’air: un sentiment d’existence intense contre la fatigue encore bien présente au retour d’un voyage en France.