Malgré toutes les difficultés liées à la pandémie, le Centre culturel canadien a relevé le défi de célébrer son cinquantenaire – pas moins, et je sais ce que cela veut dire, venant d’atteindre moi-même l’âge vénérable de 79 ans – de monter une exposition mêlant des artistes canadiens confirmés, sélectionnés par la commissaire Catherine Bedard, et un ensemble de photos citoyennes de Français et de Canadiens ayant usé de leur smartphone pour se présenter les uns aux autres des images significatives de leurs pays. Une idée originale, très actuelle (art citoyen, une idée en résonance avec l’art sociologique que je pratique, et ce que Marie-Laure Desjardins, fondatrice de ArtsHebdoMédias, appelle le mobile art). Il est extrêmement intéressant d’explorer les convergences et différences de points de vue individuels, ainsi que géo-culturelles entre les citoyens des deux pays. Et, selon moi, qui ait dit depuis cinquante ans qu’il y a un artiste potentiel en chaque individu – ce qu’affirmait aussi Beuys -, je retrouve dans la créativité de ces images citoyennes, leurs stéréotypes, certes, mais aussi leurs originalités, telles qu’y incite la flexibilité des smart phones, toujours disponibles pour toute personne, en tout lieu et à tout moment pour capter un regard, une situation, une démonstration remarquable. Je suis moi-même fier d’être présent dans cette exposition comme citoyen sélectionné, ayant envoyé ma contribution photographique et non comme artiste présélectionné.
Bravo donc, Et c’est tellement dommage que l’exposition n’ait duré qu’un mois. Elle méritait beaucoup plus, en particulier avec les difficultés actuelles de déplacement. Heureusement, elle demeure accessible virtuellement. Espérons qu’elle circulera en France et aussi au Canada. Ce serait une sorte d’obligation logique.