L’hygiène de l’art, performance de l’artiste, toiles essuie-mains et toiles libres avec empreintes de mains
Simultanément, j’ai insisté sur cette table rase avec ce que j’ai aussi nommé « l’hygiène de l’art ».
Jamais je n’avais entendu parler de « l’hygiène de la vision » dont Pierre Restany m’a entretenu après à propos de Martial Raysse.
Il s’agissait pour moi, d’un rituel de mort et destruction du monde de l’art ordinaire que je connaissais et auquel j’avais participé avec des oeuvres et des expositions, afin de m’en nettoyer l’esprit et de me rendre disponible pour un nouveau rapport à l’art et au monde qui a été ce que j’ai appelé « l’art sociologique ». C’était une pédagogie personnelle, que j’ai partagée dans ce que j’ai appelé des « travaux socio-pédagogiques » et en invitant les autres artistes à me rejoindre dans ce rituel purificatoire de la déchirure des oeuvres d’art.
Ce fut une démarche instinctive.
C’est longtemps après que j’ai pris conscience qu’elle était comparable à beaucoup d’autres rituels de mort, destruction, putréfaction et renaissance qu’ont institués diverses religions et sociétés initiatiques, y compris la franc-maçonnerie.
Je n’ai jamais pensé à être franc-maçon, même si je pourrais en partager profondément les valeurs humanistes déclarées, totalement dissuadé d’une telle démarche par les rituels symboliques naïfs et les abus de solidarité entre « frères » requis, qui ne sont pas compatibles avec mon style de vie. Je tiens beaucoup trop à ma liberté individuelle de pensée et de comportement pour cela. Et je n’en ai pas besoin pour suivre mon chemin et mes engagements hyperhumanistes.
Mon rite initiatique de l’art sociologique
La déchirure ds oeuvre d’art, Centre Pompidou, exposition rétrospective, 2017.
Lorsque j’ai décidé en 1970 de déchirer mes propres peintures, ce que j’ai appelé « la déchirure des oeuvres d’art », puis que j’y ai invité mes contemporains, j’ai reçu quelques 350 oeuvres déchirées ou à déchirer.