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La fin de la domination artistique de New York

#artsociologique La domination de l’art américain aura duré 30 ans. C’est court. Et elle devait tout aux artistes et écrivains européens exilés. C’est le MARKET ART international qui lui a succédé: l’art comme produit financier. Plus de centre artistique dominant sur la planète.

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Il n’y a plus d’École de Paris, new yorkaise, italienne, allemande. Le capitalisme artistique récupère tout ce dont il peut tirer profit, que cela vienne de Berlin, d’Afrique, d’Inde, de Chine, ou même de France. La marginalité périphérique n’est plus une fatalité. C’est un énorme changement! Le market art est plus toxique cependant que ne l’a été l’impérialisme artistique new-yorkais de l’après-guerre, dont les oeuvres avaient un incontestable mérite.

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Pierre Restany et le naturalisme intégral

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Nicolas Uriburu, Pierre Restany et Hervé Fischer à la Biennale de Venise de 1976
Dès avant de lancer le « naturalisme intégral » lors d’un voyage en Amazonie, Pierre Restany ne cachait pas une sensibilité certaine pour la démarche écologique emblématique de l’artiste argentin Nicolas Uriburu lorsqu’il colora en vert le Grand canal de Venise. Voici ci-après l’entretien sollicité par Carmen Palumbo en 2017, publié avec son autorisation.

Entretien entre Carmen Palumbo et Hervé Fischer

15 novembre de 2017
Carmen Palumbo
Étudiante du PGEHA du Musée d’Art Contemporain de l’Université de São Paulo (MAC/USP) et membre du GEACC.
Interview réalisée dans le cadre de la thèse sur le Naturalisme Intégral de Pierre Restany, sous la direction de Cristina Freire.
C.P. Pendant les année 60 e 70, plusieurs artistes latino-américains se sont auto-exilés, ou ont étés exilés en France, par les régimes militaires de leurs pays d’origine. Avez-vous eu de fréquentations avec le groupe des artistes latino-américains qui ont vécus à Paris pendant cette période? Dans l’affirmative, croyez-vous que les artistes latino-américains ont influencé, à l’époque, le milieu artistique et culturel parisien?
H.F.Je les ai surtout et beaucoup connu en Amérique latine (Argentine, Chili, Brésil) ou par art postal. À Paris Carlos Ginzbourg, Ulysse Carion. Je ne crois pas qu’ils aient eu une influence à Paris. Ils ont plutôt tenté de s’intégrer et ont suscité de l’empathie.
C.P. Michel Ragon, dans le préface du livre “Les Nouveaux Réalistes”, affirme que Restany représente le “critique militant” et, “pour bien comprendre la portée de son oeuvre, il ne faut pas seulement considérer ce qu’il a écrit, mais aussi ce qu’il a fait”. “La critique avec Restany –  continue Ragon – peut être vraiment considérée création”. Quel était son degré d’interférence dans le processus de création artistique? Pouvez-vous me parler de votre expérience personnelle avec Restany?
H.F. J’ai très bien connu Pierre Restany, de même que Michel Ragon. Je suis pleinement d’accord avec l’interprétation de Restany par Ragon. Pierre Restany m’a beaucoup soutenu dans le lancement de l’art sociologique. Textes, rencontres, une sérigraphie «Mot croisé» dans mon album «La vie d’artiste». Mais il n’a jamais cherché à m’influencer ou s’imposer. Plutôt répondu à mes demandes de conseil beaucoup plus tard, lorsque j’avais émigré au Québec.
C.P. Restany préconise un art au sein duquel la critique sociale est remplacée par l’intégration positive. Mai 1968 est accueilli par le critique comme un moment d’effervescence culturelle, de manifestation des différences plutôt que de lutte politique. Il disait que: L’art d’avant-garde aujourd’hui est un art d’intégration au réel, de participation et non d’évasion ou de révolte”. Mais, au même temps, Restany fut à la tête du boycott de la X Biennale de São Paulo en 1969, en refusant de organiser la salle “Art et Technologie”. Est-ce que le boycott fut une démarche de Restany?
H.F. Oui, Pierre était ambigu ou partagé par rapport à Mai 68. Il a été le premier commissaire français de la Biennale de Venise lorsqu’elle a repris après Mai 68. Il n’était pas politique, mais un grand humaniste, Ce sont les hommes et femmes qui l’intéressaient.
C.P. Le manifeste du Rio Negro a été lancé aussi à Paris, au Centre Pompidou, où, selon les déclarations de Restany, le Manifeste fut accueilli positivementpar la critique. Est-ce que vous étiez présent au lancement ou vous vous rappelez quelles réactions le Manifeste a provoqué en France?
H.F. Le manifeste du Rio Negro et du naturalisme intégral a reçu un accueil de politesse à Paris aussi bien qu’en Amerique latine et en général. Je n’étais pas au lancement, mais nous en avons beaucoup parlé. Il souhaitait que je le soutienne dans sa promotion. J’étais surpris  et réservé parce que je considérais comme un revirement paradoxal par rapport au nouveau réalisme.
C.P. Quelle était, à l’époque, votre idée sur le Manifeste?
H.F. J’étais donc peu convaincu et le demeure. Notre interprétation de la nature est selon moi numérique et non pas archaïque.
C.P. Le Manifeste du Rio Negro se présente, aujourd’hui, comme une occasion pour réfléchir sur des certaines idiosyncrasies culturelles et historiques et, surtout, pour aborder le rôle de Restany, défini par vous-même, un “explorateurdes périphéries artistiques”, dans le processus d’internationalisation de l’art latino-américain dans les années 60 – 70. Quel était le regard de Restany sur la périphérie?
H.F. Oui, il soutenait très fort les périphérisme. Il l’a montré concrèrtement au Québec, en amérique latine, en Corée du Sud, etc. Bien avant Pierre-Hubert Martin. J’étais complètement d’accord avec lui. D’ailleurs, j’ai moi-même choisi de quitter Paris et émigrer au Québec au début des années 1980. J’ai rédigé et promu un Manifeste du Third Front contre New York lors d’un petit colloque international à l’Ecole sociologioquie interrogative (qui se tenait dans la cave de ma maison à Paris.
C.P. Le “choque amazonien” de Restany se traduit en choque culturel pour les artistes brésiliens. De leur côté, les brésiliens lui reprochent de se mêler “de ce qui ne les regarde pas: la nature amazonienne” et de encouragerune nouvelle forme de colonialisme culturel. De son côté, Restany semble chercher une sortie du virage conceptuel, en faisant de l’art conceptuel une réponse critique au réalisme des objets. On pourrait envisager une attaque à le pop-art?
H.F. Oui, il a été mal reçu au Brésil. Mais Pierre n’a pas pour autant fait la moindre allégeance à l’art conceptuel, trop américain newyorquais impérialiste à son goût et trop désincarné. Il était un jouisseur opposé au puritanisme et pas intéressé par la linguistique dominatrice à l’époque. Il a plutôt fréquenté Andy Warhol malgré la compétition entre nouveau réalisme et pop art. Il était latino beaucoup plus qu’anglo-saxon
C.P. Dans le Manifeste, Restany soulève une question: Quel type d’art, quel système de langage peut susciter une telle ambiance exceptionnelle à tous points de vue, exorbitante par rapport au sens commun?. L’appelle au “réalisme de la sensibilité pure”, à la réalité sociologique comme bien commun à touts les hommes, au naturalisme intégral comme catalyseur et accélérateur de nos facultés de sentir, de penser et d’agir” nous rappellent des questionnements qui sont aussi à la base de l’art sociologique. Croyez-vous que cette attitude marche en direction de la pensée de l’art sociologique, dans le sens que, ainsi que l’Art Sociologique, le Naturalisme Intégral vise à mettre l’art en question?
H.F. Non. Aucun rapport entre art sociologique et naturalisme intégral. Ni pour lui, ni pour moi. Justement parce que l’art sociologique déclare plutôt que la sensibilité est sociologique, qu’elle n’existe pas à l’état pur, quoiqu’ait tenté Monet. Je ne crois pas que le naturalisme intégral mettait l’art en question selon lui. Il y cherchait cependant la chair. Mais cela débouchait sur l’intensité de la vie, de l’expérience existentielle individuelle, comme l’érotisme dont il était très friand, pas sur l’art. C’est pourquoi il ne pouvait aller loin avec cette idée dans le domaine de la création artistique. Il n’a d’ailleurs pas fait, à ma connaissance, de rapprochement avec l’expressionnisme, ni même avec Yves Klein, ni avec l’abstraction gestuelle subjectiviste, ni avec la Bad painting. Il rejetait d’ailleurs tout archaïsme. Il était en pleine contradiction avec sa démarche antérieure. Ce fut un échec pour lui. Mais je me rappelle qu’il tentait de se renouveler – je le lui demandais aussi avec insistance – et ayant été physiquement sous le choc en Amazonie (il parlait notamment beaucoup de l’enfer des insectes qui le dévoraient), il a pensé qu’il trouvait là une nouvelle inspiration, au moment où il affirmait avec de plus en plus d’insistance et de conviction que «l’art, c’est la vie».
C.P. Quelle a été la réel participation de Restany à la théorisation de l’art sociologique?
H.F. Aucune. Il soutenait, me disait très vivement son intérêt. Nous avions une admiration très réciproque, qui n’avait pas besoin d’être dite. Mais jamais il ne m’a fait un seul commentaire théorique sur l’art sociologique. Notre accord était d’ordre humain.
C.P. La notion d’«appropriation du réel», notion elle-même fondée par le désir «dembrasser la réalité sociologique dans son entier», comme l’écrit Restany, est un des expressions plus fréquente dans touts les textes de Restany. Dans le cas du Naturalisme Intégral, l’appropriation du réel passe par un retour à la terre, par une rénovée relation homme-nature. A bien des égards, cette idée de natural, de “chlorophylien”, n’est pas forcement associée à l’écologie environnemental (dans le Manifeste Restany explique que Il s’agit de lutter beaucoup plus contre la pollution subjective que contre la pollution objective, la pollution des sens et du cerveau, beaucoup plus que celle de l’air ou de leau.) Il nous semble que on peut remplacer “nature” avec “technologie” est le jeu se joue. Pensez-vous que ce que intéressait Restany était la recherche d’un art environnemental, perçue comme synthèse entre l’art et le tissu social?

H.F. Non, aucunement. Son approche naturiste intégrale était beaucoup plus de l’ordre de ce que j’ai appelé «l’hygiène de l’art», incluant la table rase radicale et la pédagogie que j’ai pratiquée avec «la déchirure des oeuvres d’art», qui lui rappelait l’hygiène de la vision de Martial Raysse. Il était jusqu’auboutiste en art avec le nouveau réalisme, avec Yves Klein, comme dans le nomadisme sensuel, existentiel de sa propre vie exceptionnellement libre de toute contrainte sociale. Il haïssait les jeux hypocrites des individus et des institutions du milieu de l’art, même s’il y navigua avec une extraordinaire aisance et générosité humaine. Il savait aimer et haïr. Plusieurs artistes, plusieurs fonctionnaires des institutions artistiques en savent quelque chose. Se moquer du dérisoire, de la pacotille, si présentes dans le milieu. Je l’ai beaucoup aimé pour cela. Et cette liberté, cette intensité, cette pure sensibilité qu’il pensa trouver en Amazonie, c’était pour lui, dans sa vie, aussi beaucoup, la liberté de sa vie quête sexuelle incessante et sans doute parfois extrême et son alcoolisme grave (qui l’a tué).
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Célébration du 60e anniversaire du lancement de Spoutnik le 4 octobre

 Invitation Presse 



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Forum ouvert sur l’Avenir : le mercredi  4.X.17 dès 16h  
Biodiversité et Développement Durable
Spoutnik 2017 : avec Thomas Pesquet et Hubert Reeves,  
Naziha Mestaou, Jean François Clervoy, une directe vidéo de la Station Spatiale Internationale avec Paolo Nespoli et la mission VITA, Hervé Fischer ett d’autres remarquables intervenants issus d’horizons différents, tous engagés pour l’Avenir de la planète.
Nouveau Centre de Conference Russe
Accès direct par le 2 de l’Avenue Rapp angle 192 rue de l’Université, 75007 Paris
 Inscription Indispensable 
( Metro Alma-Marceau/ RER C Champs de Mars – Tour Eiffel ; bus 63, 92, 80,)
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
 rédigé par Paola Antolini
Le Forum ouvert sur l’Avenir, Spoutnik 2017 se déroulera à Paris le 4 octobre à 16h30  en présence de Thomas Pesquet, Hubert Reeves, Naziha Mestaoui, Jean François Clervoy, Hervé Fischer entre autres remarquables Spoutniki, compagnons de voyage de la Terre, pour bâtir ensemble une conscience planétaire éclairée et augmentée , un engagement pour la protection de la Biodiversité et pour le Développement  durable, grace aussi aux technologies spatiales.
300 arbres Spoutnik seront plantés à l’issue de cette rencontre d’Avenir, grace à l’action de Naziha Mestaoui www.1heart1tree.org dans les zones les plus  désertiques de la planète.
Depuis 1957, les progrès de la science spatiale nous ouvrent  les portes d’un monde nouveau, qui élargie nos horizons quotidiens.
Les réseaux satellitaires ont initié une vraie révolution, souvent invisible.
Ils nous ont libéré de l’ancien schéma opposant le centre et la périphérie.
Les petites îles et d’autres lieux géographiquement et traditionnellement éloignés, peuvent retrouver aujourd’hui leur place légitime dans les débats sur les priorités mondiales, grâce à la couverture satellitaire.
Les déplacements sur Terre  sont devenus plus frequents,
De plus en plus d’astronautes s’alternent au travail sur la Station Spatiale Internationale en développant des missions utiles à toute la société civile.
L ‘actuelle mission VITA de l’ASII en est l’exemple lumineux avec un astronaute comme Paolo Nespoli, qui a le meme age que Spoutnik et qui est à sa troisième mission extra-terrestre …
Mais depuis les débuts de notre vie sur Terre, nous rêvons de voyages.
Les grands récits  des Nations Premières témoignent de notre irrésistible besoin de dialoguer avec le Cosmos : la Nature dans sa dimension la plus étendue.
Nous évoquons en Occident Homère et l’Odyssée, Cicéron et Le Rêve de Scipion – premier compte rendu d’un voyage dans la Voie Lactée -, Lucien de Samosate et l’Histoire Véritable,
Voltaire et Micromégas, Jules Verne et De la Terre à la Lune,
Constantin Edouardovitch Tsiolkovski et Les Rêves de la Terre et du Ciel, L’Exploration de l’espace cosmique, Au-delà de la Terre, Le chemin des étoiles, 
 parmi tant d’autres étonnants écrivains et voyageurs qui ont décrit cette même urgence nomade cosmique.
Le vrai chemin vers les étoiles  nous l’avons donc réellement emprunté à partir de la fin des années cinquante.
Le 4 octobre 1957, le satellite Spoutnik 1 – en russe le compagnon de voyage – lancé par l’Union Soviétique depuis le cosmodrome de Baïkonour (actuel Kazakhstan) – marque l’aube de l’Age spatial. La réussite de ce lancement, une boule de 83 kg et 58 cm de diamètre, a ouvert notre première fenêtre sur le Cosmos  et développé une conscience planétaire de plus en plus engagée.
Les dérèglements climatiques, la biodiversité, la montée des océans, les phénomènes migratoires grandissants des personnes en quête d’un avenir meilleur, nous appellent à une plus grande solidarité planétaire.
Les satellites, spécialement ceux issus du CNES, de l’ESA, de Roscosmos, agence spatiale Russe héritière  de celle qui avait lancé Spoutnik en 1957, de la NASA,  en nous donnant un accès immédiat, en temps réel, à l’information et aux monitorages sur l’état de la planéte, ont permis aussi l’émergence de nouveaux et multiples domaines de recherche :
protection de la biodiversité, 
évaluation de l’utilisation excessive de nos ressources naturelles, dont l’eau souterraine, 
télémédecine et santé, navigation satellitaire, prévention des catastrophes naturelles, 
estimation de la portée des dérèglements climatiques,
diffusion des savoirs traditionnels et innovateurs dans des zones insulaires, rurales, désertiques et de haute montagne,
prévisions météorologiques, surveillance des culture, 
détection des catastrophes naturelles et veille humanitaire

 ainsi que des nouveaux regards et actions d ‘avenir.
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Exposition Hervé Fischer et l’art sociologique, Centre Pompidou, 2017 (revue +-0)

Hervé Fischer: « mon exposition au MNAM, Centre Pompidou, 15 juin-11 septembre 2017, m’impose une relecture inattendue de mon œuvre. »

Étrange expérience existentielle que de sortir du bois (je vis au Québec, dans les Laurentides) et de me retrouver sous les phares de l’actualité parisienne. Étrange expérience que de voir ma démarche d’art sociologique, autant dire ma vie, mes émotions, mes méditations, exposées aux yeux de tous dans l’une des plus importantes institutions d’art contemporain au monde. Mais ce fut aussi, en soi, une expérience pleinement sociologique. Elle m’a fait prendre conscience de la distance psychique que j’ai parcourue depuis mon émigration au Québec au début des années 1980.
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                                       Tweet art, tweet philosophie, 2011
Quel n’a pas été mon étonnement, pour moi qui suis né à Paris en 1941 sous l’occupation nazie, qui ai vécu une enfance mortifère et névrosée à l’os, et qui en ai gardé une mémoire profondément traumatisée, d’entendre tant de commentaires unanimes sur la “joie de vivre” qui rayonnerait de toutes parts dans mon oeuvre. Cette posture étonne manifestement les intellectuels parisiens qui mesurent leur intelligence pénétrante à la toise de leur brillant pessimisme. J’ai donc redécouvert à Paris, dans le méli-mélo des ambitions, des discordes, des luttes mortelles d’ego, des stratégies médiatiques tordues, des soupçons et des hypocrisies, dans les chicanes intellectuelles et les dérives psychiques théâtralisées tous les délices empoisonnés de la culture européenne. Un monde qui m’est devenu étranger, au point de m’y sentir désadapté. On y goûte comme à une boisson épicée, mais le plaisir ne dure pas.
Je m’y suis retrouvé comme un « bon sauvage » débarqué en ville, dont la quasi naïveté étonne, mais crée aussi, conséquemment, des amitiés solides dont je m’honore. J’avais pourtant le sentiment que mon art expose clairement la critique parfois grinçante et l’ironie de l’art sociologique que m’inspire notre époque. Mais j’ai appris qu’on y trouve avant tout en Europe une expression de bonheur dont je n’avais pas conscience. Cette nouvelle scène sociologique parisienne m’a donc imposé une relecture de mon travail à laquelle je réfléchis actuellement. Un artiste, un génie, ne devrait-il pas plutôt être un monstre comme Michel-Ange, Picasso, un malheureux comme Van Gogh, Soutine, etc. ? Suis-je un artiste naïf ? Un douanier Rousseau de l’art sociologique et du monde numérique qui me fascine ? Un philosophe trop apaisé pour demeurer créatif ? Ma vérité est-elle dans le Vieux ou dans le Nouveau monde ? Voilà un questionnement qui pourrait me pousser plus loin dans mes retranchements.

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                                  Autoportrait, peinture acrylique sur toile, 50×40 cm, 2000

J’ai observé que ma “convivialité” surprenait manifestement ceux qui font quotidiennement leurs choux gras de la chicane et de l’agressivité si ordinaires en France, qui en font une stratégie agressive de réussite et trouvent un plaisir évident à célébrer une méchante humeur quotidienne.

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                                        La danse, acrylique sur toile, 121×180 cm, 2000
Mais j’ai eu personnellement bien des raisons d’apprécier l’accueil que m’a réservé le Centre Pompidou, et d’y trouver de nouvelles raisons philosophiques de ne pas ronchonner. Ainsi, ce fut une incroyable expérience que de constater l’omnipotente attraction créée par la peinture sur le pavé du parvis du centre Pompidou de mon panneau de douane culturelle que je mets  à l’entrée de toutes mes expositions depuis 1971, reproduit cette fois à grande échelle (12 mètres). J’ai pu observer comment les visiteurs s’appropriaient cette peinture comme un lieu de rendez-vous, par des danses, mimes, des exercices de yoga, des vidéos, multipliant les photos selon tous les angles et les éclairages sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook, Twitter, etc.  comme si c’était la Tour Eiffel. Une diffusion virale. Et ce succès a conduit la direction du Centre Pompidou à maintenir cette peinture extérieure au-delà de la date de clôture de mon exposition le 11 septembre dernier.

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                                           Une oeuvre de Marion Rivolier
La fréquentation quotidienne exceptionnelle de mon exposition (189 500 visiteurs, dixit l’institution) a dépassé tout autant mes attentes; de même que la réponse sur twitter à ma question “Quelle société voulons-nous?” dans ma salle TweetArtOnAir, sous le signe de l’urgence de la pensée.

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J’avais d’ailleurs déclaré Poitiers Ville du Tweet Art et le Centre Mendès-France de Poitiers avait installé un Tweet Lab avec l’École européenne supérieure de l’image, qui a sensiblement contribué à ce succès.Arnaud Fischer 09Arnaud Fischer 11


La première salle était consacrée à la déchirure des œuvres d’art et à l’hygiène de l’art.

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La déchirure des œuvres d’art, Hervé Fischer avec Jean-Paul Ameline, qui a sauvé cette œuvre en la déposant au Centre Pompidou au début des années 1980, au moment où j’ai émigré.
Puis à mes expériences d’art sociologique in situ, à Perpignan, Sao-Paolo, Amsterdam, Winnekendonk, Mexico, etc. , à un entretien très développé avec Sophie Duplaix, extraordinaire commissaire de mon exposition, conservatrice en chef des collections d’art contemporain du musée, à deux installations de performances – la Pharmacie Fischer et Le Bureau d’identité imaginaire -, ainsi qu’à l’École sociologique interrogative que j’avais installée dans le sous-sol de ma maison boulevard de Charonne à Paris dans les années 1970 et animé avec le Collectif d’art sociologique.

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                                    Installation du Bureau d’identité imaginaire


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Enquête sur trois quartiers de Perpignan (La Réal, Saint-Jacques et le Moulin-à-vent, 1976.
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Signalisations imaginaires à Sao Paolo en temps de dictature (Biennale de Sao Paolo, 1981).

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                 Photos des activités de l’École sociologique interrogative dans les années 1970.
La deuxième salle était consacrée à mon retour à la peinture à partir de 1999 : Le choc du numérique, la Nouvelle nature économique et financière, le Market Art, le nouveau paysagisme, les étapes de la gestation de l’imaginaire (mythanalyse) et le Fauvisme digital.
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Le Choc du numérique : j’explore le structures et les icônes du monde numérique dans lequel nous sommes désormais immergés, qui révolutionne toutes nos activités humaines, notre vie quotidienne, notre imaginaire. Je montre les codes binaire, biologique à quatre lettres de l’ADN. Les codes-barres outils de gestion et de contrôle, les lignes brisées des variations des bourses financières -une nouvelle matrice mentale qui a remplacé la croix et l’angle droit, les paysages numériques de nos espoirs et de nos crises sociales.

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La Nouvelle Montagne Sainte-Victoire (le monde n’est plus géométrique, cubiste, mais quantitatif et sa nouvelle matrice est la ligne brisée de variations quantitatives). La pensée linéaire fait place à la pensée en arabesque.
La Nature n’est plus celle de l’animisme, de la Bible, des mythes grecs, du romantisme, de l’exploitation industrielle : elle est devenue planétaire, numérique et politique. C’est ce que je tente d’explorer dans un nouveau paysagisme :


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Paysage planétaire, acrylique sur toile, 122×183 cm, 2010
Au-delà de la sociologie classique, ce sont nos imaginaires collectifs qui déterminent nos valeurs, nos structures sociales, le sens de nos vies. C’est à cette exploration que je consacre la mythanalyse, le repérage et le déchiffrage de nos mythes actuels. Encore faut-il en expliquer la genèse biologique et sociale, depuis le stade fœtal jusqu’au stade adulte du papillon qui rejoint le iCloud. Une série de tableaux est consacrée aux stades biologiques successifs de développement de nos facultés fabulatoires.Arnaud Fischer 20
              Mythanalyse : Le stade de la tortue sur le dos, acrylique sur toile, 91×122 cm, 2014
La Nature a beaucoup changé, notre sensibilité aux couleurs aussi, du fait de la publicité, de la signalisation urbaine, du consumérisme et des fausses couleurs de nos écrans d’ordinateurs. Nous sursaturons la gamme réduite des couleurs, nous en mangeons. Nous choisissons les crèmes glacées selon leur couleur-goût. Le fauvisme n’est plus une révolte anarchiste, mais une euphorisation de l’artifice urbain de nos vies.
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         Fauvisme digital : Le marchand de glaces, acrylique sur toile, 122×183 cm, 2012
Depuis cette exposition, je suis retourné dans mon bois québécois, qui me calme. J’y retrouve ma croyance spinoziste profonde : Deus sive Nature. La Nature, c’est Tout, le même air que respirent les arbres, mes chats et moi-même. Et donc ma fascination critique aussi pour l’artifice aussi du monde numérique que nous créons actuellement, pour le meilleur et pour le pire. Mais je crois que l’éthique est devenue beaucoup plus importante que la technologie et que l’esthétique pour l’avenir de l’humanité, même s’il est beaucoup plus difficile de croire en l’Homme qu’en Dieu. Dans notre ère postmoderne, il n’y a plus de vérité absolue, sauf dans l’exigence d’une éthique planétaire.

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Scan :Si nous ne croyons pas en l’Homme, il n’y a pas de solution, acrylique sur toile, 92×92 cm, 2015
Le Progrès éthique sera beaucoup plus déterminant pour notre avenir que le progrès technologique. Mais il est certes beaucoup plus incertain. L’existence du Progrès humain n’est pas plus démontrable que celle de Dieu. On y croit ou on n’y croit pas. Ce sont deux mythes, l’un porteur d’espoir et l’autre toxique. Nous n’avons pas d’autre choix que de croire au Progrès, si nous voulons donner un sens à l’aventure humaine. Comme Sisyphe, j’y crois. C’est Sisyphe qui inspire mon travail. Sisyphe pet être un homme heureux, disait Albert Camus.

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                       Sisyphe et la Tour de Babel, acrylique sur toile, 178×178 cm, 2010.
Nous voilà fin septembre. Ici, c’est l’été indien, qui a été magnifique, mais peut-être trop précoce. J’ai coupé, fendu et rentré mon bois de foyer, remonté la chaloupe sur la rive, accroché le canoë, commencé à préparer le chalet pour l’hiver, avant de repartir à Paris pour le stockage de mes œuvres dans mon entrepôt de Clichy. Il ne me restera plus, à mon retour fin octobre que de rentrer la table et les chaises dans le cabanon et ramasser les feuilles mortes. La neige pourra revenir. La belle neige, d’un blanc pur, acrylique, qui recouvre tout.  Blanche comme le papier sur lequel j’écris, blanche comme la lumière de fond de mes peintures, pour moi symbolique de ma quête d’élucidation.

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