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Tweet art: hyperhumanisme – scan it!

Arnaud Fischer Hyperhumanisme
                                           Tweet philosophie: Hyperhumanisme, 2015
Quick Response : scan it.
Hyper pour hyperliens qui créent plusd’humanisme.
Hyper from hyperlinks creating more humanism.
Hyper de hyperlinks creando más humanismo.
Hyper von Hyperlinks, die mehr Humanismus schaffen.
Hyper de hyperlinks criando mais humanismo.
Hyper di hyperlink creando  piùumanesimo.

更人性化.


Arnaud Fischer arte%2Ben%2Bel%2Baire

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L’engagement artistique

Arnaud Fischer art%2Bchange%2Bmonde

                                                                       Tweet art, 2011

Un artiste est toujours engagé. Engagé artistiquement dans son oeuvre, dans l’exploration d’une esthétique, d’un thème, bref d’une vision du monde, fusse-t-elle seulement décorative. Engagé existentiellement, sans concession, comme le furent Van Gogh et Gauguin, Pollock ou Nicolas de Stael, Mais il peut aussi s’engager socialement, voir politiquement  et chercher à exprimer cet engagement partisan ou éthique dans son oeuvre même. Les exemples sont nombreux, de Goya et Delacroix à Courbet, Otto Dix, Picasso, la Coopérative des Malassis ou Bansky, de Dada et John Heartfield à Klaus Staeck, d’Ernest Pignon-Ernest à Antonio Muntadas et aux artistes de l’arte conceptual d’Amérique latine et de beaucoup d’autres artistes d’Europe centrale soumis aux dictatures communistes. Il peut être engagé au nom du féminisme, de l’écologie, de l’orientation sexuelle. Les artistes de l’art corporel, tels Gina Pane et Journiac témoignent d’un engagement à la fois existentiel et formel. Et bien sûr, il faut faire la part dans ces engagements artistiques les plus divers entre divers dégrées de conformisme ou  d’opportunisme qui en limitent la valeur éthique et l’authenticité qui en constitue une exigence incontournable, même si elle n’implique pas toujours de volonté d’action publique.
La forme de cet engagement de l’artiste varie selon les époques et les contextes. Ses stratégies peuvent être des plus diverses. Pour notre époque actuelle, je dirai que les artistes engagés sont ceux qui croient que l’art peut changer le monde, selon diverses modalités, qui varient entre évocation, dénonciation, ou questionnement.

Je me méfie de l’art partisan que voulaient le fascisme ou le communisme, qui usait principalement de l’évocation dénonciatrice. Pour l’art sociologique, j’ai donc préféré une démarche interrogative, qui fut celle de l’École sociologique interrogative et j’ai tenté de mettre en pratique une esthétique interrogative. Une question bien formulée est plus efficace aujourd’hui pédagogiquement qu’une représentation partisane. Il y a eu une époque ou le Tres de Mayo de Goya ou le Guernica de Picasso étaient insurpassables. Et cela demeure vrai en photographie; des photographies de guerre qui ont fait le tour du monde et créé un changement déterminant de l’opinion publique. Ce n’est plus possible avec la peinture.

Quoiqu’il en soit des choix formels de l’art engagé, ce qui est toujours en jeu, c’est la priorité qu’il accorde à l’éthique sur l’esthétique. C’est l’éthique planétaire qu’il met en scène par son questionnement.
On dit que ces notions d’engagement et d’éthique planétaire sont typiquement françaises et que les autres cultures sont plus pragmatiques, moins idéalistes. Sudhir Hazareesingh, professeur à Oxford, d’origine indienne, qui connaît remarquablement la vie intellectuelle française le souligne dans son dernier livre: Ce pays qui aine les idées (Flammarion, 2015). Il souligne cette spécificité messianique qu’il attribue à la Révolution française, Auguste Comte et sa religion de l’Humanité,  suivi de nombreux intellectuels français défenseurs des droits universels de l’homme. Le lisant, j’ai découvert que je m’inscris ainsi dans une tradition qui n’aurait rien d’universel. Ce ne serait pas une raison pour m’en dissuader, bien au contraire. Ils sont nombreux sur notre planète, ceux qui ont voulu changer le monde.Le Christ, Bouddha, Mahomet, Napoléon, Hitler, Staline, Mao et j’en passe. Comme toujours pour le meilleur et pour le pire. Je me méfie des idées et des idéologues comme de la peste. Mais je crois à l’éthique planétaire, celle du respect des droits universels de l’Homme. Ce sont des idées banales, ordinaires, hors de tout esprit de conquête, mais manifestement très difficiles à respecter. Il faudrait que nous soyons plus nombreux à nous engager pour elles.

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La divergence

Arnaud Fischer divergence
Tweet philosophie: La divergence, 2015
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« L’évolution procède moins selon la loi de Darwin par adaptation et sélection que selon la loi de la divergence, qui s’oppose aussi à la loi de la répétition. » (La divergence du futur, Hervé Fischer, vlb, 2014)

« Evolution progresses not so much by adaptation and selection according to Darwin’s law, but rather according to the law of divergence, which opposes also to repetition. »

« La evolución progresa menos según la ley de Darwin basada sobre la adaptación y la selección, que según la ley de la divergencia, oponiéndose también a la repetición. »
«Die Entwicklung verläuft weniger nach Darwins Gesetz durch Anpassung und Auswahl, als durch das Gesetz der Divergenz, das sich auch dem Gesetz der Wiederholung widersetzt. »

发散

Arnaud Fischer arte%2Ben%2Bel%2Baire
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Image et création

Arnaud Fischer Slide002

Tweet Art, 2016
Le pouvoir de l’image est tellement grand que plusieurs religions et en particulier les diverses variantes de l’islam ont interdit toute représentation de leur dieu, de son prophète et même, au-delà du monde religieux, toute figuration d’un être vivant, voire d’un objet profane. Cet rejet des icônes assimilées à des idoles existe déjà dans l’Ancien Testament (Exode XX,4): 
    « Tu ne te feras pas d’idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous-terre. »
Dieu seul détient le pouvoir de créer des figures.
Le catholicisme n’a pas retenu cet interdit, usant au contraire de la gloire auréolée des images pour célébrer son dieu et ses saints, mais le protestantisme y est revenu dans le respect de son austérité opposée aux excès somptuaires de l’église vaticane.
L’islam en a renouvelé l’interdit dans le Coran : 
    « Abraham dit à son père Azar: « Prendras-tu des          idoles pour divinités?
    Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement         manifeste. » (Coran, VI,74)
Annie Vernay-Nouri, qui rappelle ce texte dans « L’image et l’islam« (*), souligne que cet aniconisme n’a certes pas été totalement respecté selon les époques et les variantes de l’islam, mais il a induit en retour un art de la calligraphie, qui a pris valeur iconique d’écriture-image.
Elle cite cependant aussi cet hâdit du prophète:
    « Les anges n’entreront pas dans une maison où il        y a un chien, ni dans celle où il y a des images. » (Al-Bukhâri, LXXVII, 87)
Et cet autre:
    « Ceux qui seront punis avec le plus de sévérité au jour du jugement dernier sont: le meurtrier d’un prophète, celui qui a été mis à mort par un prophète, l’ignorant qui induit les autres en erreur et celui qui façonne des images et des statues. »(**) 
Les pratiques de la magie, rituels, objets fétiches, masques et grigris, démontrent le même pouvoir des figurations dans les mains d’un sorcier.
Voilà qui ne laisse aucun doute sur le statut iconique des images en Occident. Le peintre s’arroge un pouvoir qui traditionnellement est interdit par Dieu, ou dont use la magie et la religion pour exercer sa puissance. Les images incarnent la puissance créatrice des dieux ou la présence et l’efficace des esprits. Comment ose-t-il usurper cette force sacrée? Il ne le faisait initialement que selon la demande des chamans et des chefs religieux, et selon les rituels requis. Cet art était interdit ou sacré.
Et même lorsque l’art semble aujourd’hui être devenu profane, il garde donc dans l’inconscient collectif des sociétés cette aura sacrée originelle. Cela explique sa valeur sociale fétichiste et son pouvoir de légitimation de ceux qui en possèdent des oeuvres. Cela fait comprendre la force de transgression que peut recéler encore l’image, non seulement dans les caricatures du prophète qui ont suscité des assassinats comme celui des dessinateurs de Charlie Hebdo, mais aussi dans des créations d’apparence plus profane comme « L’origine du monde » de Courbet, l’actionnisme viennois, ou le body art de Journiac ou Gina Pane. 
Cela explique encore le silence respectueux que nous imposent les musées, eux-mêmes conçus selon des architectures de temples ou de cathédrales. 
C’est en ce sens encore, que j’ai pu écrire dans L’Avenir de l’art (***) que l’art va remplacer la religion. 

Mais au-delà de ces considérations mythanalytiques sur le statut sacré de l’art, même le plus actuel, qui me conduisent à affirmer que tout art est icônique, nous devons prendre en compte aussi des données cognitives aujourd’hui bien établies.

Face à l’instabilité et à l’évanescence  de notre perception du réel, que rappelle avec beaucoup de pertinence Philippe Boissonnet, un artiste majeur de l’holographie (****), le cerveau tend à fixer des images stabilisées de nos sens, permettant d’agir efficacement pour reconnaître, saisir et transformer les objets. A l’opposé des vibrations du mouvement brownien de nos perceptions, voire de la matière, qui domine dans notre rapport au monde sous l’effet des drogues, comme l’a montré notamment Aldous Huxley, le cerveau simplifie, synthétise nos perceptions et les décodes en fonction de notre « librairie » mémorisée: ceci est un chat, une fourchette, un arbre, etc., selon les besoins de notre action, de notre survie, ou selon nos attentes et nos désirs.  C’est seulement dans le deuxième regard plus attentif, que nous portons aux choses, que nous pouvons nous offrir le luxe d’en détailler les aspects plus spécifiques. Le cerveau choisit, censure, dessine, synthétise et reconnaît les objets dont nous avons besoin ou qui constitueraient un danger. Bref, il icônise sans cesse. C’est là une fonction basique de nos facultés cognitives, sans laquelle nos perceptions seraient d’une totale confusion. 
Nous observons ainsi que cette fonction cognitive nécessaire à notre survie coexiste avec le mythe de la création qu’osent usurper les artistes. 
Ceux d’entre eux qui préfèrent le cinéma, la danse ou l’installation à une image encadrée en deux dimensions, savent bien que nous en extrayons, lorsque l’oeuvre est assez puissante pour le permettre, des images emblématiques, icôniques, qui sont celles qui suscitent notre admiration et qui demeurent dans notre mémoire.
Même la publicité la plus profane (apparemment) ne procède pas autrement. Et elle icônise ainsi des logos, des marques, des objets de consommation triviale, qu’elle sacralise et inscrit dans notre mémoire, afin que nous nous en souvenions au moment de l’achat dans les centres commerciaux. Il en est des affiches publicitaires comme des images et statues des saints catholiques que viennent prier les fidèles dans les églises lorsqu’ils ont une faveur à leur demander.
Toute perception lisible est icônique. Toute oeuvre d’art l’est aussi, L’une comme l’autre sont des décisions, des volontés, qu’elles viennent de la physiologie du cerveau ou de de la fonction originelle sacrée des magies et des religions. 
Neurosciences et mythanalyse se rejoignent ainsi.Un dessin digne de son nom est un dessein, une volonté de puissance et d’action qui se confronte au réel et lui impose une vision originale. Une peinture forte n’est pas un simulacre Impossible, pas une copie médiocre et réductrice de la réalité. Bien au-delà de la perception évanescente et incertaine que peut en avoir le peintre, comme chacun de nous, elle est une décision, une prise de pouvoir face au réel, qui prétend en fixer les traits. C’est ainsi qu’a toujours procédé la peinture, qu’elle soit primitive ou de la Renaissance, classique ou impressionniste, cubiste ou abstraite, minimaliste ou conceptuelle. L’art décide de notre vision du réel. Il en a toujours été ainsi. Ce le sera toujours. 
L’artiste n’est pas un imitateur de la création du monde par la nature ou par un dieu, mais un créateur du monde, tel qu’il en décide et qu’il nous le dévoile. C’est en ce sens qu’il incarne ambitieusement le mythe suprême de l’origine du monde. Il doit être à la mesure de notre exigence métaphysique.




(*) Voir: https://www.google.ca/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#q=l%27image%20de%20l%27islam
(**) Cité par Oleg Grabar, La Formation de l’art islamique, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 2000, p. 112.
(***) L’Avenir de l’art, vlb, Montréal, 2010
(****) Philippe Boissonnet, Désir d’effet holographique et inachèvement du regard, publié dans la revue Archée: https://www.dropbox.com/home