Lorsque je jette un coup d’œil sur ces grands tableaux qui ornent les vieilles églises, dans les chapelles latérales au-dessus des autels, au-dessous des vitraux, entre les colonnes, dans la sacristie, je revois cette époque où les artistes vivaient principalement des commandes des évêques. Ils avaient beaucoup de métier; ils étaient payés pour réaliser d’immenses formats et ils devaient avoir déjà fait preuve de grands talents d’artisan peintre dans les ateliers de maîtres reconnus. Mais les commandes étaient toutes religieuses et soumises à des modèles obligatoires. Tous ces immenses tableaux sont aujourd’hui plongés dans l’obscurité des bitumes, des clair-obscurs et envahis de gammes brunes, comme par un champignon terni, et assombris par l’âge.
Mais lors même de leur création, ils ne devaient certainement pas être colorés joyeusement. Les scènes convenues sont larmoyantes; elles évoquent les saints martyrs, les drames doloristes du christianisme. La peine, le chagrin, le péché, la pénitence, la souffrance étaient omniprésents pour appeler à la piété des fidèles et faire ressortir la gloire de Dieu, du Christ et de la Vierge. Même les auréoles sont ternies.De toute façon, nous ne les regardons même plus, ces tableaux qui ont exigé des heures innombrables de travail et des talents accomplis. Nous ne prenons aucune peine pour déchiffrer ces grands rectangles bruns foncés, qui évoquent de vieilles peaux de gibier défraîchies et asséchées par le temps, qui ont perdu toute couleur et toute forme, à moins qu’ils ne soient signalés avec insistance dans les guides touristiques. Et tous ces maîtres qui s’étaient dévoués à la réalisation de leurs chefs-d’oeuvre sont devenus anonymes. Leurs noms se sont effacés avec la brunure des temps, comme leurs tableaux. Moi-même, je regarde davantage la texture des pierres et leur appareillage, ou la courbure des voûtes que ces tableaux obscurs.J’évite même d’y plonger le regard, toujours déçu, toujours déprimant à l’idée de tant de travail et d’habileté consommés pour ce qui n’est aujourd’hui plus qu’une trace salie de l’âge.Je remercie Dieu de n’avoir pas été peintre à cette époque…
Année : 2015
L’ART EN L’AIR
Quand l’art décolle du papier, de la toile, des cimaises du musée, de son site web, et prend de la hauteur dans un « décollage » que ne désavouerait pas Jacques Villéglé (qu’hommage lui soit rendu!), nous célébrons l’art soudain mobile, embarqué sur nos téléphones, nos tablettes, nos lunettes et nos montres connectés. Sans perdre de vue leurs fondements, les cimaises, à leur tour, décollent de leurs fondations pour les aventures d’une exposition en l’air flottant sur l’internet, parcourant les réseaux sociaux, de modem en router, survolant terres et océans. Elle rebondit sur les satellites, dans les nuages numériques et atterrit sur les écrans d’ un public planétaire, qui découvre LE MUSÉE EN L’AIR. « Le musée ne peut pas tout faire », sourit Bernard Blistène, sans s’offusquer de voir l’art et le musée s’envoyer en l’air. Car mieux qu’une nuée de drones, le musée voyage légèrement pour livrer à domicile l’oeuvre questionnante, capter les réactions de son public et les afficher sur le pigeonnier. Musée tapis volant? Miroir d’un va-et-vient incessant d’œuvres et d’idées.
Ce songe d’un musée futur m’emportait récemment sur l’avion qui avait décollé de Budapest pour Paris, jusqu’au Centre Pompidou. L’usine à savoir commença à vibrer comme une plaque tournante. Le musée se métamorphosa en aéroport futuriste et souffla dans ses tubulures l’air chaud et froid des courants lointains en convection planétaire.
beaux-arts numériques
De la mode en art
Toute mode paroxystique, que ce soit celle de l’Art nouveau au début du XXe siècle ou celle de l’avant-gardisme des années 70-80, est éphémère et vite rejetée; souvent remplacée par son opposé.
L’aberration posthumaniste
Nouvel accrochage au Centre Pompidou
Mon ami Christian Gatard (www.christiangatard.com) m’envoie cette photo prise lors de sa visite avec sa fille Valentine au Centre Pompidou du nouvel accrochage des collections permanentes du MNAM. Dans la salle Pierre Restany des «passeurs» (les critiques d’art qui ont eu une grande influence sur l’histoire de l,art contemporain). Merci Christian.