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Les archives Fischer entrent à la Bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou

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Acquisition du MNAM @centrepompidou : les archives Fischer entrent à la Bibliothèque Kandinsky grâce à @hervefischer
  1. @stephrivoire @centrepompidou. Un Jour important, hommage à tous les artistes de tant de pays avec lesquels j’ai vécu pic.twitter.com/bi28YfFEri

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Le market art (2)

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A force de suivre la fièvre de l’art market, c’est donc aujourd’hui du « market art » qu’il faut parler, tant l’alchimie qui s’est imposée entre l’art et l’argent a transformé la fonction de l’art dans la société. Le temps est-il révolu de l’art qu’on admirait pour sa poésie, son esthétique, ses thèmes, son style ? Oui, ce qui nous fascine désormais dans l’art semble être plus que tout sa cote sur le marché international de l’art.
Faut-il le regretter ? Peut-être, mais c’est loin d’être sûr. Faut-il s’en indigner ? Oui, si l’on s’indigne des excès du capitalisme. Faut-il l’accepter comme un fait de société que l’on observe objectivement ? Oui, si l’on est sociologue. Oui et non si l’on est mythanalyste. Faut-il s’en réjouir ? Malgré les effets pervers, j’affirme que oui, si l’on croit à l’importance fondamentale de l’art dans les sociétés humaines. Rien ne peut davantage confirmer l’importance du mythe de l’art que cette valeur financière que nous lui reconnaissons aujourd’hui, dans notre monde actuel où l’argent a pris la relève de la religion et est devenu l’être suprême. La magie de l’art rivalise avec la sorcellerie des vieux chamans. Elle est même plus efficace. Et la légitimité que le capitalisme prétend obtenir avec la célébration de l’art vaut bien celle qu’y recherchait jadis les rois, les papes, les chefs de guerre. Elle est même beaucoup plus acceptable, beaucoup moins aliénatrice. Et mis à part la volatilité inévitable des cotes boursières de plusieurs de nos artistes actuels, on lui doit aussi la reconnaissance publique de l’immense valeur des œuvres d’artistes maudits, méprisés de leur vivant, morts dans la misère comme Van Gogh ou Gauguin. Lorsque c’est Jean-Michel Basquiat, le marginal d’origine haïtienne de New York mort dans la détresse à 30 ans qui est devenu dans les années 2010-2011 l’artiste le plus coté au monde, qui reprochera au market art de compenser la misère qu’a connu un artiste avant son « quinze secondes de gloire »..
Cette alchimie actuelle de l’art en argent et vice-versa vaut mieux que celle de jadis qui prétendait changer le plomb en or. Elle transforme le génie humain d’immenses créateurs que nous n’avions pas toujours su reconnaître de leur vivant en millions de dollars. Cette issue matérielle est-elle détestable, en comparaison de la gloire de Dieu et de puissants auquel on identifiait jadis l’art ? Disons que cette alchimie est beaucoup plus humaine, lucide – et équitable.
Que ce soient de grands capitalistes qui en profitent est finalement secondaire, voire anecdotique par rapport à cette célébration contemporaine du mythe de l’art. Que ces grands capitalistes s’en servent de placement et les mettent dans des coffre forts ou dans des ports francs, voire qu’ils s’en servent pour échapper au fisc ou pour le blanchiment d’argent demeure anecdotique en comparaison de cette reconnaissance incroyable de la valeur humaine de l’art. De toute façon, ils donneront finalement à des musées ces œuvres dans lesquelles ils ont investi tant d’argent, voire ils construiront des musées pour donner accès à tous à ces œuvres qu’ils ont eu le pouvoir d’acheter.

Que plusieurs mauvais artistes, mais plein de talent entrepreneurial s’inscrivent eux aussi au sommet de ce palmarès capitaliste demeure tout autant anecdotique. Ce sont les riches collectionneurs qui les ont achetés, ni vous, ni moi. Et la postérité saura faire ses choix. Quand nous reprochons aujourd’hui à de grands musées publics de dépenser l’argent des contribuables pour acheter des œuvres qui ne vaudront plus grand-chose dans un futur proche, nous oublions que ce genre d’erreur a toujours été monnaie courante par le passé. Les entrepôts de nos musées  ne regorgent-ils pas d’œuvres aujourd’hui jugées insignifiantes d’artistes très prisés et célébrés de leur vivant par les institutions et les collectionneurs ? Il faut ici faire la part inévitable des choses faute du recul que seul pourra donner le temps. L’Académie française ne fait pas mieux avec le choix de ses écrivains.
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Le « market art »

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L’art et l’argent constituent une configuration mythique aujourd’hui triomphante. L’art a toujours été lié au pouvoir, à sa légitimation ou, dans les moments de rébellion, à sa contestation. Les rois, les papes, les chefs de guerre, les marchands et aujourd’hui les  spéculateurs n’ont cessé d’utiliser l’art pour asseoir leur pouvoir. Le capitalisme a pris la relève des grands systèmes de pouvoir précédents. Il est devenu l’algorithme des relations sociales, leur structure même et leur mode opératoire. On peut le déplorer, mais ce système est moins détestable que ne le furent les pouvoirs sans limites des religions et des dictatures armées.
Il est logique que les collectionneurs les plus puissants se construisent à eux-mêmes des musées pour y exposer leurs icônes, comme jadis les religions construisaient des temples à leurs dieux et appelaient les meilleurs artistes à les embellir. Certes l’art actuel de ces nouveaux musées privés qui se multiplient n’a plus la valeur pédagogique des vitraux et des peintures de jadis, qui illustraient le catéchisme pour le peuple analphabète. Compréhensible aux seuls initiés, l’art d’avant-garde apparaît au grand public comme un mystère qui renforce l’aura des grands prêtres du capitalisme.
Rien de bien nouveau donc, en termes de mythanalyse des rapports entre l’art et le pouvoir. Il en a toujours été ainsi. Leur déclinaison actuelle, nous l’appelons le « market art », un art créé par des artistes experts en marketing, capables de concevoir des produits ajustés aux exigences du marché spéculatif de l’art. Le market art se renforce en s’appropriant aussi à coups de dizaines de millions des œuvres d’artistes antérieurs, jadis célèbres ou, mieux encore, misérables comme Gauguin ou Van Gogh mais dont le capitalisme triomphant reconnaît la valeur avec des records d’enchères. Jeff Koons achète des peintures anciennes avec les millions de la vente de ses inflatable rabbits and dogs (une judicieuse assurance  pour l’avenir de sa fortune personnelle).Cette alchimie contemporaine qui permet allègrement de changer l’art en argent et vice-versa n’est-elle pas plus rationnelle et plus productive que l’ancienne alchimie qui s’entêtait à transmuter le plomb en or?
Ceux qui s’en offusquent et qui dénoncent ce market art devraient plutôt se réjouir de voir aujourd’hui le capitalisme qu’ils déclarent honnir rendre un tel hommage à l’art qu’ils veulent eux aussi adorer? Dans tous les systèmes sociaux l’art a joué un rôle fondamental, à la mesure du puissant mythe de la création qu’il incarne. Le capitalisme lui aussi n’est-il pas devenu « créateur »? La Banque Fischer en atteste et bat monnaie en son nom. 
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Le mythe de la société numérique

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Quelle société numérique voulons-nous ? Tweet art, 2015
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